mardi 23 février 2010

C1 Coupures

Depuis bientôt deux mois les coupures d’électricité sont quotidiennes. Au début elles duraient quelques minutes, puis quelques dizaines de minutes. Bientôt le décompte se fit en heures. Mais depuis dix jours, l’électricité se fait vraiment rare… Cette semaine nous avons eu des périodes de coupure de plus de 24 heures, nous avons dû faire le vide dans le frigo : nous nous sommes bien régalés… Pour un début de carême ce n’est pas très providentiel ! Mais comment laisser fondre le chocolat, le beurre et… et c’est tout en fait parce qu’il ne faut pas imaginer non plus un frigo rempli ! Nous ne pouvons plus faire de yaourts car la yaourtière nécessite de fonctionner 8 heures d’affilée, or nous n’avons jamais l’électricité plus de 5 ou 6 heures de rang !
Voilà aussi pourquoi nous ne pouvons pas envoyer d’articles sur le blog, sans électricité pas d’ordinateur (batterie trop ancienne) ni d’Internet.
Depuis ce midi, la situation s’est à nouveau compliquée. Il n’y a plus d’eau au robinet ! Coupure d’eau et d’électricité : c’est une équation qui aboutit au bout de quelques heures à une situation de crise, il fait chaud, les corps sont humides en l’absence de ventilateur et de douche. Heureusement, la semaine dernière quelqu’un nous avait prévenu, quand les coupures deviennent aussi fréquentes il faut s’attendre à ne plus avoir d’eau dans quelques jours. Ainsi prévenus nous avions avec l’aide du Père Jean, le directeur de l’hôpital, rempli le château d’eau qui surplombe la salle d’attente de plein air, nous bénéficions d’une réserve qui devrait durer quelques jours.
Mais pourquoi autant de coupures ? La situation est simple. La production électrique en Afrique de l’Ouest est principalement hydraulique, des barrages coupent les fleuves Niger (au Nigeria), Mono (au Bénin) et le Lac Volta (au Ghana). A la saison des pluies, le niveau d’eau permet une production électrique pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest Côtière. Mais deux problèmes se posent : il n’y a pas de mise en réserve de l’électricité (ce qui n’est pas quelque chose de simple à réaliser, il est plus facile de stocker la réserve d’eau) et surtout en fin de saison des pluies le niveau d’eau est tel que des crues importantes empêchent certaines populations de rester dans leurs maisons, les barrages sont ouverts et la réserve d’eau est ainsi rejetée dans la mer alors que la saison sèche s’annonce… Au cours de la saison sèche, les coupures deviennent de plus en plus fréquentes et le prix du KWH augmente de 50 à 100 % selon les pays ! Le Bénin produit très peu d’électricité, il en achète au Ghana et au Nigéria. En période sèche, ces pays se réserve l’usage de leur production et le réseau électrique béninois est obligé d’alléger sa consommation : des délestages sont ainsi organisés qui touchent plutôt les zones rurales, la capitale est moins touchée. En mars il va commencer à pleuvoir, mais le niveau d’eau va-t-il revenir rapidement au seuil permettant la production électrique ? Nous ne le savons pas, car chaque année est différente. Or l’année en cours semble particulièrement dure, des coupures aussi longues n’ont pas été vues à Dogbo depuis 5 ou 6 ans.
Dans ces périodes de coupure, c’est une grande partie de l’économie qui s’arrête. Les soudeurs, les mécaniciens, les menuisiers, les buvettes, les vendeurs ambulants de boissons glacées, le bloc opératoire, le cybercafé, l’imprimerie, tous sont contraints au chômage technique (qu’on appelle ici la sieste…)
En Europe, on ne se rend vraiment plus compte de ce luxe que d’avoir l’électricité et l’eau en permanence !

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