vendredi 30 octobre 2009

Pour quelques gouttes d'or noir



Quel lien entre ce Playmobil et le titre du post ? Effectivement ce n’est pas évident au premier abord… Certes les figurines en plastiques sont fabriquées à base de pétrole mais ce n’est pas pour le Playmobil que le titre a été choisi. La figurine illustre de manière efficace une image que nous ne pouvons vous montrer mais qui reste gravée à jamais dans nos mémoires…
Comme vous le savez, nous sommes allés à la frontière Bénin/Nigéria pendant quelques jours. Le Nigéria est un pays producteur de pétrole, un pays qui pourrait être le plus riche d’Afrique… Mais la corruption et les trafics en tout genre en ont pour le moment décidé autrement. Ce pays potentiellement locomotive de l’Afrique n’est finalement que le tender qui fournit de l’essence à ses voisins parfois sans passer par la douane. Les trafiquants sont nombreux et les mailles du filet assez lâches pour permettre la mise en place d’un business, sans doute lucratif mais très dangereux. Ainsi on peut voir rouler des mobylettes chargées de bidons d’essence, mais comme le porte-bagages n’est pas suffisant les conducteurs s’attachent des bidons tout autour du corps : une poudrière roulante !
Ce mercredi matin, nous roulions entre Onigbolo et Pobè quand un attroupement au bord de la route nous a forcé à ralentir, passant à vitesse réduite nous avons d’abord vu de loin une carcasse de moto calcinée, et très rapidement nos yeux se sont arrêtés sur ce corps calciné, resté en position de conduite, tel une figurine articulée, raide, déposé sur le dos au bord de la route, les jambes liées en l’air, les bras semblant encore accrochés à un guidon imaginaire, les entrailles surgissant de l’abdomen éventré par le feu, la peau cramoisie et recouverte de plastique brûlé, le regard à jamais figé vers le ciel dans une expression crispée témoignant de l’horrible souffrance du brûlé vif… Il était là au milieu des badauds et des gendarmes, personne n’osait toucher à ce corps pourtant mort depuis plusieurs heures (nous avons rencontré ensuite plusieurs personnes passées une à deux heurs avant nous et qui ont été témoins de la même scène). Quelques litres de pétrole, quelques milliers de francs cfa (quelques dizaines d’euros) ont justifié une telle prise de risque. Ce type d’accident est fréquent… On nous l’avait raconté, mais le voir de ses yeux est vraiment différent ! Aliénor et Louis-Baptiste n’ont vu que la moto… Berthille a vu un monsieur qui attendait un médecin, elle n’a heureusement pas demandé si papa allait s’arrêter pour lui porter secours, peut-être avait-elle eu le temps de voir et de comprendre plus que nous ne l’imaginons… et plus qu’elle ne veut bien nous le dire. Les enfants africains étaient à un mètre du corps, la mort ici est visible, palpable, par tous et pas seulement par les soignants, elle ne se vit pas de la même manière par l’entourage. C’est inexplicable, on ne peut que le constater et tenter d’apprivoiser cet aspect culturel très frappant.
Au-delà de la question culturelle autour de la mort, c’est la question philosophique de la valeur de la vie qui nous est renvoyée en pleine figure… et même si le jeu de mot est glauque, c’est la question de l’essence de l’être humain qui se pose à nous par ce fossé culturel. Nous sommes encore loin d’être inculturés…

jeudi 29 octobre 2009

Bloc

Certain l’ont su par mail, d’autres n’étaient pas au courant… J’ai eu quelques soucis de santé liés à notre arrivée au Bénin (c’est Bertrand aux commandes aujourd’hui). Tout d’abord un problème mal placé (dans le pli interfessier) : un abcès qui s’est formé au dépends d’une glande sudoripare (celles qui produisent la sueur) qui s’est mise à gonfler de manière très importante. En effet depuis notre arrivée notre sueur coule à flots et ce petit kyste sans doute présent depuis plusieurs mois voire années s’est développé beaucoup plus rapidement sous le climat équatorial.
Deuxième problème : une piqûre de scorpion sous le pied gauche. Ce problème date d’il y a un mois. Nous pensions que ça allait passer tout seul mais c’est un peu long et nous avons fini par suspecter une nécrose. Plusieurs médecins en France me conseillaient de me faire opérer…
Samedi nous avons appris la venue d’un chirurgien plasticien au Bénin. Le Dr Zilliox est lyonnais, il travaille pour l’OMS et fait actuellement une tournée au Bénin pour donner des cours pratique de chirurgie de reconstruction dans les blocs de Raoul Follereau chargés de prendre en charge les malades atteints par l’ulcère de Buruli. Nous sommes donc allé de l’autre côté du Bénin, à Pobè, à la frontière avec le Nigéria. Nous y étions accueillis chez Marie-Françoise et Pierre Ardant : Marie-Françoise est médecin au centre Raoul Follereau de Pobè et Pierre est directeur technique de la cimenterie Lafarge d’Onigbolo.
Après concertation il a été décidé de laisser la piqûre de scorpion évoluer seule puisqu’on notait une amélioration spontanée depuis quelques jours et qu’une telle opération aurait laissé des séquelles (perte musculaire sous la voûte plantaire). Par contre j’ai été opéré de l’abcès sous anesthésie locale (il n’y avait pas de médecin anesthésiste ni de réanimation à proximité), l’abcès allait jusqu’à l’os et il était donc bien justifié d’intervenir. L’opération s’est bien passée, ça reste un peu douloureux notamment lors du trajet de retour en voiture (3 heures assis !) mais maintenant c’est une question de jours : dans une semaine on n’en parlera plus !

dimanche 25 octobre 2009

Lac Tobadji

Le WE avait commencé sous la pluie et donc dans une certaine anxiété puisque nous recevions tout un groupe de Cotonois : des expat' français qui nous accueillent régulièrement à dîner voire à dormir quand nous allons sur Cotonou. Donatien et Ronan dont les épouses respectives sont actuellement en France, Laëtitia et Cédric avec quatre de leurs six enfants.

Samedi midi alors que tout le monde arrivait pour déjeuner, le soleil est arrivé également. Après de bonnes agapes nous avons dû changer de programme, nous devions initialement tenter de trouver les chutes d'Adjarala sur le fleuve Mono mais la piste de 20 Km qui y mène est dangereuse par temps de pluie. La carte IGN nous fournit un nouveau plan : le lac Tobadji... Il faut emprunter la piste de Deve puis tourner à gauche en direction de Lokossa… Simple comme bonjour sauf qu’en vrai les pistes se ressemblent toutes et il n’y a pas de panneau de direction, il n’est donc pas rare de se trouver face à une patte d’oie. Le passant est toujours là pour nous indiquer la bonne route.





Le ciel encore chargé de nuages d’un bleu électrique se découpe sur l’horizon de verdure dont la couleur est ravivée par la pluie tout juste tombée. La piste d’un rouge ocre se détache devant nous avec ses sinuosités, bordée de teks, de baobabs, d’acacias et d’irokos. Le paysage est splendide.

Nous garons les véhicules au bord de la piste et nous enfonçons sur le chemin d’un village. La fille du chef nous voyant arriver court chercher son père, nous nous inclinons légèrement devant lui comme le veut la coutume… Quelques salutations d’usage et il nous indique le chemin du lac… Ou plutôt il nous dépêche quelques soixante dix enfants pour nous accompagner ! Le chemin est très boueux… A vrai dire c’est même pire que ça ! En fait le chemin est sous l’eau, on marche à tâtons suivant de près les enfants du village qui connaissent chaque recoin, chaque piège possible.
Le lac se livre enfin avec ses pirogues, les méandres des canaux qui le desservent. Les pêcheurs passent sur leurs embarcations entre les hautes herbes, ils semblent flotter non sur l’eau mais sur la savane… Les enfants sont là, jouant dans l’eau, dansant sur la coque retournée d’un vieux dériveur, jouant même aux cartes dans un recoin un peu plus sec, la nuit va commencer à tomber, nous ne restons que quelques dizaines de minutes dans cet espace hors du temps qui semble vivre au même rythme depuis des lustres sans que rien ni personne ne puisse le déstabiliser. Notre présence est la bienvenue, les visages montrent une certaine fierté : pouvoir montrer au blanc, au yovo, ce qui est beau chez moi.









Au retour le chef de village est invité à venir faire soigner ses enfants (ceux du village quoi) à St Camille : ils sont particulièrement exposés à l’ulcère de Buruli par les baignades dans ce lac d’eau douce entouré d’herbes folles…
Nous reprenons la route les yeux remplis de ces images, de cette ambiance… L’accès au lac était difficile mais le spectacle en valait la peine. C’est l’Afrique elle-même qui nous paraît par certains points inaccessible, cette expérience nous montre qu’il faut persévérer parce que le jeu en vaut la chandelle.

Le post pourrait s’arrêter ici mais le retour nous a réservé également quelques surprises agréables : un troupeau de vaches nous a barré la route. C’est le premier que nous voyons dans le secteur ! De très belles bêtes avec des cornes dignes des plus grandes arènes du sud de la France et d’Espagne… Pas sauvages du tout, manœuvrées par des enfants très sûrs d’eux et pas maladroits.

Et juste avant d’arriver à Lokossa, le dernier barrage de la route : l’eau… C’est là qu’on comprend vraiment l’utilité du 4*4 !



Une bonne journée comme celle-ci nous permet de nous ressourcer, de trouver l’énergie pour continuer à aimer ce pays malgré ses défauts, ses faiblesses, malgré ce qui nous fait souffrir dans notre quotidien. On peut aimer l’Afrique en y passant quelques jours, c’est évident, mais on peut aussi l’aimer en y vivant plus longtemps, c’est moins évident mais c’est certain.

vendredi 23 octobre 2009

Y'a bon cacao !

Le Bénin est un produit producteur de cacao... mais pas consommateur ! Nul part dans les échoppes de Dogbo, pourtant nombreuses, nous ne trouvons du chocolat digne de ce nom. En fait le Bénin est surtout exportateur de cacao. Ainsi de nombreux légumes peuvent pousser au Bénin, le soleil et la pluie sont un cocktail parfait pour le jardinier motivé : pourtant personne ne se nourrit de légumes, "ça ne cale pas assez !"

Effectivement c'est moins bouratif que la pâte blanche ou rouge et que le riz. Nous arrivons quand même à trouver des aliments adaptés à notre régime alimentaire et nous ne déplorons pas de constipation pour le moment (une maladie extrêmement répandue ici !)

Par contre les fruits sont très bons et appréciés tant par nous que par les autochtones : les ananas et les papayes, les oranges et les bananes, et bientôt la saison des mangues !


Retour du marché

Tout ça pour dire qu'on est loin de mourir de faim !

mercredi 21 octobre 2009

Fourmis

Après les oiseaux d'Hitchkock, voici les fourmis de Dogbo... Plus précisément les fourmis "mayans" (certains d'entre vous connaissent-ils déjà ?)



De loin sur le chemin on devine une ligne noire... Plus on s'approche et plus ça grouille. Une sorte d'autoroute pour fourmis : un ligne de circulation dans chaque sens, et autour de ces deux lignes des fourmis garde du corps forment les bas côtés de l'autoroute... Impressionnant ! Des fourmis de toutes tailles, chacune avec des spécificités anatomiques sans doute adaptées à leur rôle "social".



Nous avons jeté un bout de bois sur le passage, en quelques secondes une nouvelle organisation se dessine avec des routes secondaires et quand même quelques fourmis perdues... Y en a t'il des milliers ou des millions ? Difficile de dire. En tout cas ce soir, après qu'elles se soient évanouies dans la nature, il restait sur le chemin un sillon de 2 cm de large à l'endroit où elles étaient passées !

Une fourmi a tenté de nous escalader : on la sent très vite car ça gratte très fort. Même une fois enlevée, ça gratte encore... pendant deux heures !



Un film de ces fourmis a été tourné mais nous ne pouvons malheureusement pas vous le faire partager pour le moment car notre connexion n'a pas assez de débit !

mardi 20 octobre 2009

L'appel de Cotonou

C’est juste un petit test pour savoir si vous suivez l’actualité béninoise ! Jacques Chirac nous a rendu visite le 12 octobre, pas à Dogbo mais à Cotonou. Il n’avait pas le temps de visiter Saint Camille, ce sera pour une autre fois !

Il a vieilli quand même...
L’appel de Cotonou c’est un texte publié et lu par la fondation de Jacques Chirac en collaboration avec six chefs d’état africains qui veulent mettre fin au trafic de faux médicaments sur leur territoire, une vaste bataille à mener de front et avec le soutien de l’occident. Boni Yahi, le président de la république béninoise a estimé que ce trafic représente une perte pour le commerce pharmaceutique officiel de 30 milliards de Fcfa soit 67 millions de dollars quand même !
En pratique, ces médicaments sont notre quotidien : sur le marché les étalages sont assez bien achalandés, les boîtes ont souvent pris l’eau mais les blisters semblent neufs. Le visuel utilisé est souvent asiatique et le prix n’est pas dérisoire, il engraisse sans doute pas mal de niveaux commerciaux… Le médicaments est au mieux inoffensif, au pire délétère…
A l’hôpital nous voyons passer des enfants qui présentent des signes cliniques inhabituels de la maladie pour laquelle ils semblent venus. Nous ne traitons pas les maladies en première main, il faut accepter de passer après le sorcier, le vendeur du marché, l’infirmier peu scrupuleux qui vend des injections mal dosées : par exemple trois fois la dose de Quinine… La semaine dernière deux enfants sont arrivés aveugles : leur rétine a été « brûlée » par un surdosage massif en Quinine. Et comme c’est à l’hôpital qu’on fait le diagnostic, nous sommes quelque part tenus pour responsables de cet état pourtant lié à ce qui s’est passé en amont et que nous ne découvrons parfois qu’au bout de trois jours… Quand la confiance s’instaure et que notre capital confiance dépasse enfin celui du sorcier…

Ce soir nous avons placé devant la pharmacie un communiqué de presse de Reuters sur cet appel de Cotonou afin d’informer la population des méfaits des médicaments de contrefaçon… L’article s’intitulait : « Jacques Chirac fustige en Afrique le trafic de faux médicaments » mais il nous a semblé bon de changer le titre par « l’appel de Cotonou » qui est un peu moins occidentalo-centriste !
Et n’oubliez pas, en cas de grosse fatigue, de fièvre, de maux de tête : la solution de tous vos petits soucis - un petit coup de LETAMOL !

vendredi 16 octobre 2009

Jean et Jeanne

Cet après midi nous avons pris le temps de faire notre première escapade en amoureux : Berthille et Aliénor étaient à l'école, Louis-Baptiste à la sieste et Clotilde jouait avec Lucie.
Nous sommes allés faire quelques courses : un siphon qui ne fuit pas (pour le double bac évier de la cuisine) ce qui nous évitera de vider chaque jour les bassines qui se relaient sans arrêt sous l'évier ! Mais également un repérage des prix pour une peinture qui devrait bientôt donner un peu de lumière à notre intérieur...
Surtout nous nous sommes rendus à Gohomé (prononcez Goromè), un hôpital de brousse spécialisé dans la renutrition des enfants malnutris voire dénutris. Gohomé est un hôpital tenu par une ONG allemande (Aktion Pro Humanitaria) qui emploie du personnel béninois. Les soins sont quasi gratuits grâce à la manne financière et à l’encadrement arrivant d'Europe, les bâtiments sont bien entretenus, on a l'impression de changer de pays en entrant ! Ce n'est pas sans but que nous allions dans ce centre, nous voulions voir Jean et Jeanne des jumeaux vus par Bertrand en consultation il y a 15 jours...

Jean et Jeanne sont arrivés à Saint Camille le 30 septembre, âgés de trois mois, ils pesaient 2,2 Kg, soit 100 g de moins qu'à leur naissance. Leur maman a vu son lait se tarir assez rapidement après la naissance, elle achetait des boîtes de lait 1er âge... pour leur donner un biberon chacun par jour... La faible alimentation, le manque de soin et d'hygiène dans la préparation des biberons ont provoqué des mycoses de leur tube digestif et un amaigrissement important (qu'on appelle marasme). Voici la description que Bertrand en a fait à sa soeur (médecin nutritionniste) par mail : "nous avions peur de les casser, tu remarqueras le dessin des muscles abdominaux ! Pas un pet de graisse... Impressionnant à voir en vrai, la photo ne reflète qu'une partie de la réalité : le rythme respiratoire ralenti pour diminuer les efforts des muscles intercostaux et du diaphragme, la bradycardie de conservation, le mouvement incessant de succion de la bouche, la mycose du tube digestif de la bouche à l'anus, les rétractions musculaires des membres, la fatigue des muscles oculaires qui font chuter le regard au bout de 3 ou 4 secondes, l'exophtalmie leur donnant cet aspect de vieillard, le découpage des vertèbres dorsales saillantes avec les pré escarres à chaque épine dorsale... Il a fallu examiner chaque enfant en 4 minutes chrono pour éviter de les épuiser et de les tuer..."

Pour venir à la consultation à Saint Camille, les parents sont venus à pied ! 7 Km depuis leur village... Il fallait faire encore 7 Km pour Gohomé, nous les avions emmené en voiture pour éviter qu'ils ne s'épuisent plus...
En partant pour Gohomé aujourd'hui, nous ne savions pas dans quel état nous allions les trouver... La maman en nous voyant arriver s'est levée de l'endroit où elle était pour venir à notre rencontre... avec un seul enfant... Jean, qui était effectivement plus faible que Jeanne est décédé le lendemain de son arrivée à Gohomé. Jeanne par contre a survécu, elle a perdu ce faciès de vieillard, on ne voit plus ses os, elle bouge normalement, elle est encore faible mais sait quand même pleurer pour demander à manger (nous sommes arrivés à l'heure du biberon) : pleurer ! Il y a 15 jours elle n'avait même plus la force de pleurer malgré la faim extrême qui la tiraillait. Nous sommes restés très peu de temps, mais nous retournerons voir Jeanne pour évaluer ses progrès et améliorer notre collaboration avec ce centre hospitalier qui comporte également un orphelinat... Un pan social que nous ne traitons pas à Saint Camille...

Cette petite histoire est un peu à l'image de notre début de mission... Le but est accompli à moitié seulement... Mais ce n'est pas la partie sombre des échecs qui doit nous démobiliser, car la moitié lumineuse et joyeuse de la vie triomphant sur la mort est bien réelle, et c'est elle qui l'emportera...

jeudi 15 octobre 2009

Kanakoo

Vous vous demandez bien de quelle tribu il s'agit ! C'est la clef Internet qui nous permet de nous connecter facilement (le cyber café est loin et la connexion pas très fiable). Mais cette clef doit maintenant se partager entre deux maisons, celle de Marie-Ange et Anne-Sophie et la nôtre... Difficile de suivre la conso de chacun dans ces conditions. Une deuxième clef a été chetée, mais elle ne fonctionne pas bien ! Il va falloir revoir ce problème avec le marchand... qui est sur Cotonou... Donc à 2H30 de route... On verra ça plus tard !

Alors quelques nouvelles très rapides : la rentrée s'est bien passée ! Elle a eu lieu ! De nombreuses surprises attendaient les filles, l'école est très différente ! Le plus surprenant est sans doute le mode de déplacement... au pas cadencé par la voix du maître "gauche/droite... gauche/droite..." et le lever des couleurs béninoises le lundi matin ! Après deux ou trois premiers jours d'adaptation, nous commençons à voir Berthille et Aliénor se faire des ami(e)s et à raconter positivement la journée.

De notre côté le travail ne manque pas et justifie également le silence radio en plus des problèmes de connexion... Une petite saison des pluies s'annonce : les palu sont en recrudescence et amènent plus de patients à Bertrand. Marie-Aude quant à elle doit trier une tonne de paperasses qui tombent du ciel au compte goutte...

Maintenant il est temps de vous quitter, si vous voulez plus de nouvelles il faut que notre clef Kanakoo fonctionne ! Pour nous aider de France, vous pouvez peut-être faire un feu chez vous, vous rassembler autour, au son du tam tam, et vous pourriez crier/chanter "Kanakoo, Kanakoo !"

lundi 5 octobre 2009

R.A.L.

La rentrée aura lieu ! Depuis plusieurs semaines voir mois, de nombreux étalages sur le bord des routes et des vons arborent cette petite pancarte aux couleurs du Bénin (vert, jaune, rouge) frappée des lettres capitales R.A.L. affirmant une réalité qu’on ne saurait signaler en France : la rentrée aura lieu…



En effet pourquoi affirmer ce qui est inéluctable : la rentrée ne peut pas ne pas avoir lieu ? D’ailleurs la rentrée c’est aujourd’hui 5 octobre (enfin l’état avait annoncé le 1er octobre initialement). Nous la préparons depuis déjà quelques jours, les uniformes ont été confectionnés par Séverine (un article à venir va vous la présenter) : il y en a un pour les lundi, mardi et mercredi (bleu) et un pour les jeudi et vendredi (violet), les sacs ont été remplis (principalement par l’ardoise, les craies et le chiffon propre). Nous avons pris contact avec un zemidjan (taxi-moto) qui s’appelle Patrice, il est attentionné et nous avons confiance en lui.



Il était un peu en retard ce matin, les filles impatientes sont donc parties à pied… à sa rencontre ! Les voici enfin juchées sur le zem : départ pour l’école… et le grand bain !






Une fois devant l’école, l’affluence attendue n’est pas au rendez-vous… En fait nous sommes les seuls ! Un maître est dans la cour : « - la rentrée c’est demain, il y a eu une directive vendredi soir à 17H00 ! » « - Mais comment les autres parents ont-ils su ? » « - On leur a dit lors de l’inscription ! »



Mais bien sûr ! Ils se sont inscrit une fois sûrs que l’école commencerait bien : donc la veille ! Extra-ordinaire ! En fait nous avons trop anticipé ! Nous avions inscrit les enfants depuis 15 jours (en demandant s’il n’était pas trop tard : on nous a répondu « ça va »).
Retour à la maison, une journée de vacances en rab’ (on ne les compte d’ailleurs plus depuis fin juin).

vendredi 2 octobre 2009

Jour de marché

Aujourd’hui Dogbo s’anime autour du marché ! Tous les 5 jours (comptés à la béninoise) soit tous les 4 jours (à la française) le marché envahit les moindres recoins de Dogbo : la ville grouille depuis 14H00 jusqu’au milieu de la nuit !
Le bord du bitume, une place à droite, une halle à gauche, le marché est finalement plus grand à chaque fois qu’on le redécouvre. Les produits ont leur quartier : le coin des ferronniers (outils de toutes formes, pièges en tous genres, morceaux de boites de conserves pour les scarifications vaudous) ; le coin des menuisiers (petits tabourets, lits, fauteuils, cercueils…) ; les vendeuses de manioc (à même le sol) ; les paniers de tomates, le coin ravissant des pagnes riches en couleur et en variétés ; les restaurants (enfin les maquis : partage d’un bout de banc autour d’une grande marmite de haricots fumants), le coin des fripes (merci la Croix Rouge) ; les feuilles légumes (qui ressemblent à de grands épinards). Certains produits n’ont pas de coin spécifique, on les trouve partout : les oignons classés en trois tailles, les piments rouges et verts, les vendeuses de sous vêtements sous plastiques (donc neufs !), celles de bassines et pots en plastique ou en inox (on trouve vraiment toutes les tailles !)


Après avoir découvert le produit qu’on est venu chercher, reste à marchander le prix. Cas pratique.
But : acheter des plans de tomate pour le potager. Correction : choisir des tomates de bonne qualité pour les égrainer. Promenade dans le coin des revendeuses de tomates. Première difficulté : se frayer un chemin dans la cohue ! Sans bousculer les paniers de présentation ou de petits tas de tomates minutieusement installés tiennent en équilibre instable, ni les paniers ultra remplis tenus sur la tête de vendeuses ambulantes. Sans se faire bousculer par de grandes brouettes à deux roues souvent poussées ou tirées par des enfants criant pour annoncer leur passage en trombe. Attention en se décalant pour laisser passer ce véhicule dont la largeur correspond pile à la largeur de l’allée entre deux étals, de poser ses pieds sans écraser tomates, gingembres, maïs ou même des doigts !
Après avoir « tâté de l’œil » beaucoup de tomates, de l’unique espèce existant ici (ah ! Petite pensée pour les bonnes variétés de tomates de Belvault), le choix se fait sur un panier de tomates bien rouges. Là on imagine que l’on touche au but… Mais non ! Commence le tri et la palabre autour du prix !



Du grand panier de présentation, les tomates passent dans deux petites bassines dont la taille sert de référence pour le prix (puisqu’aucun pesage ne se fait sur le marché). Alors le prix ? Il se fait encore attendre, on se regarde on se sourit, la vendeuse réfléchit et annonce 1200 Fcfa. Joseph (on vous reparlera de lui) qui m’accompagne ce jour là rit, discute un long moment en Adja et propose 700… Grand rire de la vendeuse qui reprend la discussion et annonce finalement 1100… Et… On refait un tri dans une seule bassine cette fois : les tomates les plus rouges sont choisies… Le prix ? 1500 ! Ce qui provoque un éclat de rire chez Joseph et la vendeuse (moi je ris jaune car un moteur crache sa fumée sous mon nez !) : leur jeu a bien duré 15 ou 20 minutes et j’ai finalement déboursé 800 Fcfa.
Dernière étape : le petit sac plastique noir. Toute chose achetée mérite et impose son sac. Hélas, ils finissent le plus souvent par terre.

Les tomates étaient au menu ce soir : nous nous sommes régalés. Les pépins sont lavés, prêts pour deux jours de soleil et seront semés plus tard. Première récolte espérée dans deux mois et demi ! Le climat (et le travail de Joseph) nous permettent d’espérer un potager très précoce. La végétation est en effet luxuriante en cette fin de période des petites pluies. Il faut une semaine au maïs pour gagner 50 cm ! La grandeur de la création se révèle particulièrement dans cet environnement ou tout semble pousser facilement et rapidement. Pourtant bien peu de béninois profitent pleinement de ce potentiel : des questions d’éducation et de moyens sont sans doute en cause mais il est trop tôt pour en dire plus car nous ne comprenons encore pas toutes les raisons qui créent la misère et les problèmes de nutrition qui nous entourent.
Loué sois-tu Seigneur pour ta Création.
Marie-Aude