dimanche 27 septembre 2009

Porto-Novo

Ce WE nous sommes allés à la Capitale !

Le Père Nestor ATTOMATOUN revenait de Belgique où il a passé plusieurs années pour ces études. Nestor est le premier prêtre ordonné pour la Communauté de l'Emmanuel au Bénin. Son ordination a eu lieu il y a un an le 15 août.

Nous sommes venus l'accueillir à Cotonou et avons eu le plaisir de l'accompagner chez une tante pour les retrouvailles avec ses frères et soeurs. Le pichet de l'amitié a été servi : en pratique un pichet tourne de mains en mains et chacun en boit une gorgée.



Aujourd'hui samedi, nous avons accompagné Nestor jusqu'à Porto-Novo la capitale, y retrouvant d'autres volontaires Fidesco : Jean-Paul et Yves qui sont dans un centre Don Bosco qui accueille les enfants orphelins et/ou travailleurs (ces enfants sont débusqués sur les marchés où des adultes les font travailler : une personne du centre les suit pour comprendre ce qu'ils font puis pour prendre contact avec la famille s'il y en a une pour obtenir l'accord pour rentrer dans le centre : à la clé un encadrement éducatif et une scolarisation). Nestor a célébré la messe dans l'oratoire du centre pour les volontaires Fidesco.



Pour l'après midi nous devions aller chez des frères de Communauté à l'autre bout de Porto-Novo. La circulation dans Porto-Novo est assez dense, notamment au niveau du marché : http://www.dailymotion.com/video/xamd59_jour-de-marche-a-portonovo

La ballade dans Porto-Novo a été l'occasion de faire connaissance avec les forces de l'ordre, plus exactement la Police qui avait pour mission de vérifier les permis de conduire en ce torride samedi (36° au moment où nous nous faisons contrôler). Carte grise : nous n'avons que la photocopie car l'original est parti pour modification du nom du propriétaire ; assurance : en règle (ouf !) ; permis : ben où il est celui là ? Zut et rezut, dans la pochette rose, oublié à Cotonou chez Donatien ! Et là surprise : confiscation des clefs du véhicule... Aïe ! Aïe ! Les enfants commencent à avoir chaud (la clim' ne fonctionne pas sans les clefs ! Et il fait 36°...) Nestor est avec nous (heureusement), il appelle au téléphone un frère de communauté qui est tout près... Mariano arrive. La palabre commence entre les policiers, Mariano et Nestor... Bertrand tente de s'approcher, Nestor et Mariano font signe que non ! En effet, la palabre consiste à faire porter le chapeau à Nestor qui fait amende honorable : "je les ai fait se presser ce matin, ils ont oublié leurs papiers par ma faute" Nestor étant prêtre l'affaire trouve une conclusion favorable est 15 minutes : Nestor dira une messe pour le brigadier !

Ce n'est qu'après que nous avons compris ce à quoi nous avons échappé : la confiscation des clefs est synonyme de fourrière ! Et la fourrière au Bénin, ça peut durer longtemps, chacun voulant tirer un peu d'argent sur son passage dans le réseau de déblocage des voitures. Avec les risques de pillage que comporte l'immobilisation du véhicule sur un parc...

La journée s'est favorablement terminée, nous sommes rentrés sur Cotonou avec la voiture, le permis de conduire international va trouver refuge dans la boîte à gants. Plus de peur que de mal pour cette fois-ci... Au moins la Police veille, c'est plutôt bon signe (il y a un grand nombre d'automobilistes qui roule sans jamais avoir passé le permis !) surtout s'ils s'intéressent aux camions !


mardi 22 septembre 2009

Urgence sur le pavé

Qu’entend-on par urgence ? Schéma très aseptisé d’un système de soins occidental où même la TV s’empare du sujet pour en faire une série que tout un chacun peut regarder. Identification valorisante de ce système qui semble parfois pouvoir ressusciter les morts…
15H30 : un homme se présente devant la maison, nous sommes absorbés à notre activité du début d’après midi en ce beau dimanche ensoleillé. Il me montre du sang sur ses pieds : « c’est le sang de mon frère qui a eu un enfant » - « Ton frère s’est blessé ? » - « Il saigne depuis que l’enfant est né » (en me montrant le bas ventre)
En fait il ne sait pas dire « sœur » et emploie le masculin par défaut dans un français approximatif. Le temps de comprendre et nous courrons à l’hôpital. Là sur le pavé gît un corps de jeune femme tout ensanglanté. Ses lèvres sont déjà blanches, un premier regard sur ses pupilles m’en dit long sur la situation… Silence pesant, toute la famille est là… Ils m’expliquent qu’elle vient d’avoir son quatrième enfant ce midi. Elle a accouché sur le chemin d’un dispensaire de brousse. Arrivée dans ce dispensaire elle s’est mise à saigner abondamment, ils l’ont perfusée et référée sur l’hôpital Saint Camille car nous faisons des transfusions…Elle doit avoir 25 ans. Aucun pouls. Auscultation : là encore le silence. Le zem qui l’a amenée est déjà en train de laver sa moto à l’éponge, il a du mal avec le pot d’échappement… Et pour cause, la malheureuse, morte ou mourante, n’a sans doute pas pu éloigner son pied du métal brûlant. L’examen de la brûlure du pied m’apprend que la mort est survenue lors du transport.
Il est des gestes comme la fermeture des yeux qui n’ont pas de frontière : la famille comprend. Je parle un peu, j’explique doucement qu’on ne peut plus rien… Une aide-soignante traduit. Nous restons en silence. La dépouille reste là, à même le sol : c’est choquant pour moi, mais seulement pour moi… Efforts pour rester silencieux (les paroles sont pourtant plus simples, elles combleraient le malaise). Des discussions commencent tout autour… Est-il question de comprendre pourquoi elle est morte dans ces conditions, ils ne semblent pas révoltés…Se posent-ils la question du nourrisson ? Non, la question qui les taraude est bien plus pratique : comment ramener le corps à la maison ? Le zem ne veut pas s’en charger mais le mari ne peut payer le prix du corbillard…


Rapidement je comprends que ma présence est devenue problématique : le frère de la défunte commence à parler de ce qu’on va m’offrir pour me remercier d’avoir accouru auprès d’eux… Je fais dire à l’aide-soignante que l’hôpital ne leur demande pas d’argent, nous avons juste constaté le décès et retiré les perfusions. Elle me dit donc de partir car ils pourraient penser que j’attends pour avoir de l’argent…
Besoin de marcher : un tour dans Dogbo. 30 minutes. Je reviens au moment où le convoi mortuaire se forme. Elle reprendra bien le zem qui a finalement accepté de la convoyer après avoir accroché des feuilles de palmier à huile sur la moto. Symboles de mort, de danger, dans la culture africaine… La morte est assise entre le chauffeur et son frère assis tout à l’arrière. Là son mari pour la première fois pleure en la voyant ainsi installée.
Que vous dire de plus ? Que cette version est racontée de manière édulcorée pour la rendre lisible par tous (quelques omissions) et qu’elle est dénuée d’une grande partie des sentiments ressentis afin d’éviter les maladresses… Que chaque jour à son lot de morts… Que les femmes enceintes et les nourrissons payent un lourd tribut… Que c’est le système qui cloche… Que le transport des malades sur des mobylettes lancées plein gaz sur les pistes poussiéreuses et cahoteuses est évidemment une perte de chance… Mais comment faire autrement… Avec presque rien il faudrait faire presque tout.

Bertrand

dimanche 20 septembre 2009

Mission(s)

Silence radio de quelques jours : le temps de se débattre avec des fuites d'eau (le plombier devait venir depuis deux semaines...) qu'il a fallu réparer nous même, d'assumer le départ en vacances du chirurgien (ça y est, Bertrand est tout seul sur l'hôpital pour quelques jours avec quelques post op à assumer...), de prendre un rythme tous ensemble dans la maison : nous six + Marie-Ange + Anne-Sophie + Alexandre (un ami d'Anne-Sophie de passage au Bénin).

Alors, pourquoi ce titre ? Parce qu'enfin la mission de Marie-Aude s'affine ! En effet, nous faisions les difficiles : il fallait à juste titre préserver du temps pour les enfants. Logique. Mais trouver un mi-temps au Bénin, ce n'est pas évident car tout le monde veut travailler le plus possible (travailler plus pour gagner plus, ça vous dit quelque chose ?)

Après plusieurs propositions voici l'organisation qui semble donc se dessiner : un poste de secrétaire de direction de l'hôpital : pas de courriers médicaux mais plutôt les démarches administratives de gestion de l'hôpital, les feuilles de salaires, les certificats, et en prime la gestion des dossiers médicaux des prêtres du diocèse qui ont une assurance maladie dans un autre pays d'Afrique de l'ouest. Trois matinées par semaine.

Deuxième pan de mission : deux heures d'animation d'un atelier artistique au collège de Dogbo. L'atelier a démarré l'an dernier sous l'impulsion des élèves mais pour le moment il ny avait personne pour l'animer.

Troisième pan de mission : une proposition d'encadrement d'ateliers sur une ville voisine est en suspens le temps de voir si cette organisation se cale bien avec la vie familiale !

Enfin, la mission des enfants a aussi commencé. Ils participent à nous apprendre l'Adja... Louis-Baptiste utilise déjà spontannément quelques mots d'Adja ! Il sait nommer une grande partie des animaux en Adja, ainsi que les salutations d'usage.

Pour en terminer avec les acceptions du mot mission, ici on ne parle pas de paroisse... C'est la mission : "tu vas à la mission ?" La dénomination met bien en relief le dynamisme missionnaire de l'Eglise qui est au Bénin ! Nous ne sommes pas seuls en mission : tout le monde est en mission !

Alors bonne mission à chacun de vous, où que vous soyez !

mercredi 16 septembre 2009

Circulez !

Conduire au Bénin… C’est vraiment tout un roman. Et pourtant plusieurs témoignages nous attestent que ce n’est pas le pays d’Afrique où la conduite est le plus difficile…
Qu’est-ce qui est particulier ? Les routes n’ont pas de lignes de marquage au sol (ou très rarement), les véhicules naviguent donc sur toute la largeur de la route dans les deux sens… Premier point déroutant (il fallait le faire, il est placé).
Les camions ne roulent pas droit… Ils se déplacent à la manière des crabes… En effet, surchargés et déséquilibrés, ils penchent tantôt à gauche tantôt à droite… Ajoutez à cela les trous dans la chaussée qui les font vaciller et qui déforment progressivement les essieux et les moyeux : vous obtenez des véhicules à roues voilées chargés à hauteur de 60 tonnes (si ! si !) pour 25 ou 30 prévues, crachant une fumée noire, perdant de l’huile tout le long du trajet… Le refroidissement moteur est réalisé par un ingénieux système : l’ablation totale ou partielle du capot moteur ! Souvent en panne avec leurs machines (dont l’âge ferait pâlir les grands Whisky), les camionneurs s’entraident et se remorquent : il n’est donc pas rare de voir un premier camion chargé à bloc traîner un camion vide derrière lui (ce dernier oscillant tel la queue d’un lézard). A noter que l’ensemble de ces camions semble équipé de l’ABS : et c’est une information certifiée conforme ! Aucun n’est capable de bloquer ses roues même en situation d’urgence. Conclusion : prudence… Tels des apaches, nous lisons les signaux de fumée afin de détecter quel type de mammouth de fer nous attends au prochain virage. Pour le moment nous n’avons jamais eu peur car nous restons à distance respectable.
Les 404 bâchées : depuis combien de temps n’en avez-vous pas vu ? Peut-être une épave il y a 10 ans dans une remise, ou peut-être une pièce de collection dans un musée, ou alors vous vous souvenez d’une époque où chaque artisan avait ce véhicule pour travailler. La 404 bâchée : c’est tout à la fois le Scénic (pour les familles), le Kangoo (pour les travailleurs), le Vito (pour les transporteurs)… Mais plus étonnant, la 404 bâchée peut aussi servir de car scolaire, de camion de déménagement, de container frigorifique (il suffit d’arroser la bâche avant le départ), de camion-benne (quatre homme lèvent l’avant pour décharger le sable), et il faudrait faire une thèse de sociologie pour être exhaustif sur ce sujet frappant dès qu’on prend le volant !
Enfin, dernier épisode en date qui nous a permis de découvrir un nouvel aspect des routes béninoises : la conduite de nuit. Interdite par Fidesco, cette discipline qui pourrait peut-être figurer au JO est loin d’être un sport reposant ! Bien sûr nous n’avons pas choisi de conduire de nuit. Mais nous y avons été contraint lors d’un retour de Cotonou. Un embouteillage de plus d’une heure à la sortie de la ville nous a forcé à faire les 40 derniers Km de notre trajet dans l’obscurité. Enfin quand on dit l’obscurité, c’est un grand mot ! Car tout le monde roule en phare : les codes n’existent sans doute pas sur les voitures vendues ici. A moins que ce ne soit le surpoids à l’arrière des véhicules qui fasse lever le nez au point que les codes semblent être des phares ? Certains, sans doute par soucis d’économie, roulent en veilleuses, au moins on n’est pas ébloui… Et puis il y a des véhicules camouflés… Explication : nous avons l’impression qu’une partie non négligeable de la population tente de faire passer sa voiture pour une moto ! Curieux… Pour cela il suffit de n’allumer qu’un seul phare (il fallait y penser…) ou une seule veilleuse (dans ce cas on croirait même qu’il s’agit d’une mob’)

Vous l’aurez compris, la sécurité routière au Bénin n’est pas une vaine entreprise, d’ailleurs des panneaux attestent chaque jour des progrès que nous accomplissons !


Marie-Ange

L’équipe Fidesco dans le département du Couffo s’étoffe ! Marie-Ange vient de nous rejoindre. Nous sommes allés la chercher à Cotonou où elle a débarqué le 15 septembre avec seulement trois quarts d’heure de retard ; rappelez-vous que nous avions eu 24 heures de retard !
Marie-Ange est ergothérapeute, elle va travailler dans un centre d’accueil des lépreux à Madjré, une commune qui se situe à 12 Km de Dogbo environ, accessible uniquement par la piste (nous vous rappelons que la route bitumée s’arrête à la sortie de Dogbo dans cette direction). Avec Anne-Sophie (que nous vous avons succinctement présentée) elles vont former un binôme de vie. Ne travaillant pas ensemble, elles vont se retrouver pour les autres temps (repas, soirées, etc) tout en gardant leur indépendance.
Notre famille et ce binôme forment une « équipe » de volontaires. Nous sommes proches géographiquement (tout le monde habite sur l’hôpital : pour le moment dans la même maison mais bientôt les filles vont avoir leur maison individuelle, d’ailleurs fort coquette) et par ce que nous vivons.
Marie-Ange va rester un an à Dogbo, après quoi elle devra rentrer en France pour compléter une formation au langage des sourds qu’elle a mis entre parenthèses pour venir au Bénin mais qu’il est dangereux d’abandonner trop longtemps (perte rapide des acquis).
Voici une première photo de Marie-Ange et bientôt dans un prochain post vous aurez sans doute une photo de toute l’équipe ! A très bientôt.

dimanche 13 septembre 2009

Historique !

En effet nous sommes maintenant un peu plus renseignés sur les secousses sismiques qui ont eu lieu au Bénin. La dernière secousse avait eu lieu en 1939 ! Il a fallu attendre 2009 pour qu'une deuxième secousse soit enregistrée dans l'histoire "écrite" du pays. Et nous y étions...

A Dogbo il n'y a aucun dégâts mais sur Cotonou où nous sommes pour le WE, nous avons vu des murs fissurés. Sur Internet il y a quelques photos de dégâts plus graves (notamment des fissures dans le sol pouvant atteindre 50 cm de large.

Les Béninois n'ayant aucune expérience en la matière, nous ne connaissons ni l'épicentre ni la magnitude sur l'échelle de Richter. Néanmoins il existe une échelle qu'il est possible d'utiliser quand on a été témoins du tremblement de terre, l'échelle MSK. Après calcul, nous avons eu à Dogbo une magnitude VI alors que Cotonou a eu une magnitude VII. Il existe peut-être un biais lié au type de constructions rencontrées dans chaque lieu : celles de Dogbo ayant peu de prises aux secousses car toutes très basses...

Voilà pour nos activités sismologiques qui prennent fin puisqu'aucune nouvelle secousse n'est à déplorer. D'ailleurs le monde entier s'en fiche éperdument, ce qui est bien souligné par la population et les médias locaux ! Seuls les quotidiens Béninois en ont fait leurs gros titres : le Bénin a aussi son 11 septembre !

Imaginons que le même séisme ait eu lieu en Europe : tout d'abord les infrastructures auraient souffert car plus hautes et plus nombreuses (sur le nombre il y en a toujours qui se fissurent), les médias auraient couvert l'affaire avec des images à l'appui (Jean-Pierre Pernaud aurait bien trouvé une grand mère évacuée de son lit par un pompier volontaire alors que l'escalier de sa maison s'est effondré...), la graduation de la secousse au minimum au dixième près aurait été réalisée, une ligne téléphonique dédiée aurait été communiquée à la population, enfin tout le tralala habituel dès qu'il se passe quelque chose... Ici rien ! Le mur est fissuré : "c'est pas grave", la route à travaillé : "c'est pas grave"... Si tu parles un peu rapidement sous le coup de l'excitation liée à l'évènement : "doucement"...

En fait, quand on n'a rien ou presque rien, quand on dort dans une petite maison faite d'argile et qui est déjà fissurée, qu'est-ce que vous voulez que ça change ? Séisme ou pas séisme, on dormira pareil la nuit prochaine... Et on espère seulement se réveiller le lendemain, d'où cette salutation Adja : Mawo a fon mi (que Dieu te réveille).

vendredi 11 septembre 2009

Réveil nocturne

D'habitude nous sommes réveillés par Clotilde qui a perdu sa tétine ou par Berthille qui se promène en courant dans ses activités somnambules, parfois par Louis-Baptiste qui a fait un mauvais rêve, rarement par Aliénor qui dort généralement du sommeil du juste.

A 4H08 cett nuit c'est par le bruit des vitres de lamaison et par le tremblement que nous nous sommes réveillés tous les deux... Ce n'était pas très long, un camion qui passe à côté de la maison ? Un tremblement de terre ? C'est évidemment cette deuxième hypothèse que nous retenons avant de nous rendormir puisque plus rie nne bouge.

Ce matin nous en parlons autour de nous ; personne n'a rien senti... Tu rêves yovo... Zut alors, un camion peut donc faire tout ce raffut ? Pour en avoir le coeur net nous appelons un expat' de Cotonou : Donatien est affirmatif, la terre a tremblé cette nuit et tout le monde en parle sur le port.

Nous ne savons toujours pas où était l'épicentre. Si quelqu'un veut bien nous renseigner ? Sommes-nous sur une faille connue ? Nous n'arrivons pas à télécharger les cartes sismo qui sont trop lourdes pour notre connexion. Merci d'avance.

jeudi 10 septembre 2009

Débuts à l'hôpital

Il y en a peut-être qui se disent qu’on se la coule douce… Un vrai camp scout ! Les Devaud sont en vacances… Non ! Rentrons dans le vif du sujet...
Depuis lundi Bertrand travaille à l’hôpital. Il y aurait beaucoup à dire sur l’hôpital, son histoire, les raisons qui ont amené l’évêque à faire appel à Fidesco pour envoyer un médecin et une infirmière. Pour accomplir des soins certes mais pas seulement. Il est encore trop tôt pour vous partager ce que nous ressentons et comprenons sur ce point car la situation n’est pas toute simple et nous travaillons sur le passé de cette structure de soins créée en 1976 qui a été un des fleurons de la médecine et de la chirurgie béninoise. Pourquoi ferme-t-il ses portes en 2004 pour renaître de ses cendres en 2006… Pourquoi les autres hôpitaux camilliens du Bénin n’ont pas subi le même sort ? Nous sommes en contact avec plusieurs personnes qui connaissent bien cette histoire et certaines l’ont même vécue : nous les rencontrerons sans doute dans les prochains mois. Comprendre la chute nous permettra sans doute d’accompagner au mieux la renaissance.
L’activité se partage entre la médecine (Bertrand) et la chirurgie (Père Nazaire AFOMASSE). Pour le moment Nazaire fait du compagnonnage : comment soigner telle pathologie avec la pharmacie disponible sur place ? Il est des choses qui paraissent impossibles et pourtant il s’opère une médecine finalement très adaptée… Les premiers chocs : aucune forme pédiatrique pour les médicaments, le Paracetamol 500 se fractionne très bien en quatre pour être écrasé dans une bouillie de maïs… Pour les vomissements le Metoclopramide se découpe en 4 également !
Nous sommes en fin d’épidémie palustre : toute fièvre de l’enfant est un palu qu’il convient de traiter sans même de confirmation biologique (directive du ministère de la santé). Un petit test de 24H00 a permis de confirmer que la consigne est bien justifiée : toutes les fièvres d’enfants étaient des palu !
La consultation nous permet de détecter les cas les plus graves que nous hospitalisons. Les anémies profondes qui nécessitent des transfusions sanguines (le palu donne une anémie par « explosion » des globules rouges), les fièvres qui donnent des convulsions, les enfants qui vomissent trop pour manger et donc avaler les médicaments (pour ceux-là une perfusion de 24H00 suffit à les remettre sur pieds). Et puis il y a les paludismes graves (qui peuvent cumuler tout ce qui est décrit ci-dessus…
Je croyais bien être face à un paludisme grave mardi après midi : une fillette de 3 ans arrive. Etat de convulsions répétées, vomissements depuis trois jours, ce jour c’est du sang qu’elle vomit. Médicament pour combattre le palu, la fièvre, les convulsions… Mais l’état s’aggrave très rapidement. La fillette ne peut plus ouvrir la bouche… Même l’abaisse langue se casse tellement elle serre. Il me semble qu’elle fait une convulsion prolongée (état de mal convulsif)… Je ne comprends pas, ce n’est pas logique vu ce qu’elle a reçu comme traitement. Le Père Nazaire arrive, en trois coups de cuillère à pot il rétablit le bon diagnostic. TETANOS ! Jamais vu ça de ma vie. En France on vaccine chaque enfant dès l’âge de 1 mois (sauf les quelques réfractaires aux vaccins qu’il faudrait amener ici pour leur faire comprendre leur chance de pouvoir refuser le luxe de la santé !) et on ne voit quasiment jamais de tétanos. Le corps devient de bois, les muscles se tendent jusqu’à ce que les muscles respiratoires soient touchés puis c’est la mort par asphyxie. Il faut intuber (vous savez le tube pour respirer artificiellement) et mettre l’enfant en réanimation, pronostic : 40 à 50 % de décès. Enfin, ça c’est la prise en charge et le pronostic en France. Ici pas de réa… Même à Lokossa… Pourtant le Père Nazaire propose aux parents d’aller à Lokossa car il y a un pédiatre… L’enfant est déjà raide, regard vide, mais bien vivant, les parents ne comprennent pas tout (moi non plus ils parlent Adja avec l’abbé) : ils décident de partir sur Lokossa… en mobylette. Je ne m’y oppose pas, je viens d’arriver, il a l’habitude, je n’ai même pas été fichu de faire le diagnostic… Je ne vais pas lui dire en plus ce qu’il faut faire ! Pourtant je suis choqué : il me semble qu’on peut faire différemment. Mais les parents de l’enfant sont vraiment sur la même longueur d’onde que le Père et il me semble alors que le fossé entre nous est encore vraiment infranchissable…
Pour le moment pas de nouvelles de l’enfant… J’ai demandé au père Nazaire si on pouvait téléphoner mais nous n’avons pas pris le temps et je n’ai pas le numéro (oui, il n’y a pas vraiment d’annuaire ici !)
Vous comprendrez aisément qu’il n’y ait pas de photo directement associée à cet épisode, pourtant voici ci-dessous une photo de notre « petite » pharmacie familiale qui est pratiquement aussi fournie que celle de l’hôpital (car vous ne voyez pas la profondeur : multipliez ce que vous voyez par deux ou trois) ! Nous avons même de quoi perfuser des antibiotiques à domicile… Quel grand écart !

mercredi 9 septembre 2009

Lucie

Devinette : son âge est inférieur au nombre de ses frères et sœurs… Pourtant Lucie a 23 ans ! Et 29 frères et sœur… (son père a 5 femmes !). Depuis lundi elle vient nous aider à la maison. Son rôle est double : garder les enfants et faire du ménage. Conseillée par le père Jean (directeur de l’hôpital), nous lui offrons un travail à plein temps pour un SMIC que nous reverrons à la hausse au fur et à mesure en fonction de sa fidélité et du travail accompli. En tout cas cette aide est un réel soulagement pour Marie-Aude ! Lucie est attentionnée, discrète et travailleuse. Premier travail : laver les moustiquaires, et ce n’est pas une mince affaire ! Elle y passe quasiment tout son temps. Beaucoup de choses l’étonnent chez nous : notre manie du ménage et du tri sélectif (ce qui peut être brûlé au fond du jardin, ce qui peut pourrir pour donner du compost, ce qui peut être offert à Lucie, ce qui ne peut être détruit ni donné et qui nous pose problème !), les couches de Clo, le pot de Louis-Baptiste (qui recueille de plus en plus souvent des « ballons »), le robot-cuiseur-mixeur, l’épluche-légumes, la poussette (c’est la seule de tout Dogbo !)… En l’absence de cuisinière pour le moment, Lucie nous fait découvrir aussi quelques recettes avec les produits locaux comme les beignets de manioc. Ils étaient délicieux et la prochaine fois on rajoute les piments. Attention « ça pique la langue ! » ont dit les enfants en goûtant du riz façon locale lors d’un dîner en ville (heu en case plutôt). Lucie a aussi la patience de nous faire répéter notre Adja, notamment ce qu’il faut savoir pour faire des courses. Voici d’ailleurs notre dernier achat : un pagne !

mardi 8 septembre 2009

Placard rime avec...

... cafards ! La chasse à cette sale bestiole (très vivace) a débuté (nous sommes en septembre c'est l'ouverture) avec les grands travaux de nettoyage de la cuisine et de l'arrière cuisine. Plus c'est propre et plus on en voit ! Nous en sommes encore à espérer que c'est parce qu'ils se sentent chassés de leurs niches de poussière humide qu'ils sortent et osent traverser la pièce, passer sous le canapé, grimper le long des meubles... En effet ils n'osaient pas les premiers jours.
Le tableau de chasse de ce soir : 7 cafards ! Hier soir : 7 également... Ce WE Anne-Sophie en a tué à peu près la même quantité...
Nous allons peut être pouvoir organiser des safaris de chasse au cafards : deux techniques. La classique : rabatage par un faisceau lumineux et méthode de percussion mécanique (talonnade ou orteillade) ; la moderne : le baygonnage (pulvarisation du produit contre les insectes rampants et volants) est plutôt préventif du retour à la niche...
Notre premier carnet de chasses africaines prends fin ici avec le tableau du 6 septembre... Les cafards n'étaient pas à la fête (contrairement à certains ! Merci d'y avoir pensé !)
E Yi Saba (alors l'Adja ça rentre ?)

samedi 5 septembre 2009

La voiture

Choisir une voiture au Bénin n'est pas une chose aisée. Pourtant il y a du choix car Cotonou est une véritable plateforme d'importation des vieux véhicules européens, parfois accidentés et en tous cas toujours assez vieux pour inspirer la méfiance...

La semaine dernière on nous a présenté trois véhicules de plus de 20 ans... Des voitures solides mais usées à la corde... Plusieurs tours de compteurs et des fuites un peu partout...

Cette semaine nous avons rencontré un garagiste français qui nous a dégotté une voiture arrivant directement d'Europe, non accidentée et plutôt en bon état pour ses 192000 Km... Pour les connaisseurs un Mitsubishi Pajero 2,5 L Turbo Diesel Intercooler... C'est bien, pas trop cher en entretien et ça consomme peu à côté des V8 et V6 qu'on nous présentait jusqu'à présent. Une voiture pas trafiquée, la peinture est d'origine et les longerons sont encore propres. Pas une seule fuite d'huile. Le moteur est propre (comprendre par là qu'il n'a pas été démonté, donc il est complet !)

Il a fallu prendre une décision ce vendredi matin... OK, on achète. Le vendeur demande 6,5 millions de Fcfa. Nous baissons à 4,8... Finalement l'affaire se fait à 4,5 avec une com' de 50 sacs pour un rabatteur du port de Cotonou... (NB : 50 sacs = 50.000 Fcfa = 80 €)

A 11H30 il nous faut donc trouver 4,5 millions de francs CFA en espèce et rapidement (l'affaire doit se conclure dans la journée afin d'éviter que la voiture reparte sur le port où elle risque de se faire piller). Le garagiste nous donne 2 adresses : une droguerie et un magasin de fournitures de bureau. Les tenanciers sont intéressés pour prendre des chèques en euros et changer pour du CFA sans commission. En effet nos comptes africains ne sont pas encore activés et les transferts de fonds sont lents... La droguerie ne pratique plus ce trafic... Je me rends (c'est Bertrand seul qui dirige la suite de l'opération) donc à l'autre magasin : le patron est libanais, il me reçoit dans son bureau... Après quelques minutes d'explications, il semble avoir confiance et téléphone en anglais à un ami indien. Je dois me rendre à l'autre bout de la ville dans un quartier nommé Missebo et trouver une superette où il faut parler au patron... Pour le moment je ne sais pas que ce quartier est le quartier chaud de Cotonou... C'est là qu'on fait les "affaires".

Sur place, le caissier de la superette me fait patienter derrière un rayon, vérifie ma carte d'identité, téléphone... Attente... Il vient me rechercher, nous sortons pour emprunter une ruelle à côté du magasin... Des mendiants dorment d'un oeil à l'ombre des murs... Une activité commerciale parallèle se joue ici, des petits groupes de trois ou quatre personnes semblent très animés... Nous entrons à l'arrière du bâtiment par un escalier, sur le pallier encore des mendiants sur une couchette de carton... Deuxième pallier : une vieille porte... Nous entrons... Ensuite porte blindée, digicode... Nous entrons dans un bureau ultra moderne, nombreux ordinateurs, posters des cargos Mittal, photos India Incredibile ! Nous sommes en Inde mais au Bénin. On parle Anglais. Je vois le patron dans son bureau, il est en rendez-vous avec un béninois... Quelqu'un contrôle à nouveau mes papiers, me fait signer et compare ma signature avec celle de la carte d'identité... Questions... Ils ont peur de se faire rouler (si je fais un chèque en blanc) et moi je me demande comment je vais redescendre avec 5 millions dans les poches (7600 € quand même) au milieu des mendiants et loubards du quartier... Trois quarts d'heure se passent entre questions, photocopie des papiers d'identité, etc. Le patron vient, il s'entretien en Hindi je pense avec le caissier... Me pose encore quelques questions... Le chèque est fait. Il tape sur la table et un gars apporte les liasses. Je compte. C'est bon... Mais d'où vient cet argent... La superette ? Peu probable...

Maintenant il faut sortir... Je passe la porte blindée : il y a trois escaliers ! Heureusement la porte n'est pas encore fermée, je demande... -"A droite" -"Merci"

Toujours les mendiants. Pas d'aggressivité. S'ils bougent, ils risquent gros : les voleurs sont brûlés sur place dans des pneus qui fondent sur eux jusqu'à l'asphixie... En bas, une bonne surprise, Maxime, le chauffeur de Donatien, a déplacé la voiture et l'a garée à côté de la porte de derrière, je m'engouffre, nous partons, je respire...

La voiture est maintenant achetée, nous l'avons pour le WE et nous la rendons au garagiste pour une semaine le temps de faire quelques révisions et la mutation de l'immatriculation pour qu'elle soit dans notre nom.

Dans ces conditions, l'argent a une autre valeur. La liasse a cet intérêt sur le chèque de matérialiser la somme en terme de volume. Les conditions locales permettent également de se rendre compte de ce différentiel nord sud. La somme que je portais correspondait à 20 ans de SMIC local !!! certains pouvaient être tenté de risquer les pneus fondus pour ce pactole... Quant à l'origine de ces billets, nous ne la connaissons pas. Je n'y ai pas pensé avant d'avoir la somme, pris dans le stress d'obtenir les billets...

Nous avons la voiture, elle est confortable, dans le budget prédéfini. Les enfants sont contents car il y a des accoudoirs escamotables à l'arrière (il en faut peu pour être heureux !) et un toit ouvrant panoramique. Nous sommes contents car elle consomme peu et est en bon état. A nous les routes et les pistes.

vendredi 4 septembre 2009

mercredi 2 septembre 2009

Géographie


Petit à petit la maison devient multicolore ! De nombreux enfants passent pour jouer ; il faut d’ailleurs mettre des limites, ce qui est difficile… En effet ici quand on passe jouer, c’est pour la journée, repas compris… Mais douze enfants à la maison ce n’est pas possible tous les jours !

Parmi tous les enfants qui passent, Fréjus est celui qui est le plus curieux : « vous venez d’où ? Comment s’appelle votre ville en France ? » La carte accrochée dans le salon n’aura bientôt plus de secret pour eux : on voit la géographie différemment quand on la vit !