mercredi 30 décembre 2009

Premier Noël en Afrique !

Nous venions de passer la veillée et une partie du jour de Noël chez des amis à Cotonou. Nous avions prévu de passer les jours suivants au Togo chez d’autres volontaires Fidesco, à Kouvé exactement. Marie-Aude ayant oublié son passeport nous avons dû retourner à Dogbo pour chercher les papiers. Le passage de la frontière s’est fait sans encombre, assez rapidement, et pour un prix normal… Mais notre crochet sur Dogbo nous avait fait perdre deux heures et le soleil commençait à faiblir. L’état des routes n’est pas le même au Togo qu’au Bénin : les trous sont plus nombreux, la route est moins large. Berthille qui a pris place tout à l’arrière du véhicule commence à se plaindre d’avoir mal au ventre : sans doute les vibrations consécutives aux 5 heures de routes, du moins c’est ce que nous pensions… La nuit tombe progressivement tandis que l’état de la route commence à se détériorer… Chaque kilomètre est plus abîmé que le kilomètre précédent. Finalement au loin nous apercevons un immense bâtiment très éclairé : une usine en pleine brousse. Sans doute une cimenterie (l’architecture ressemble à celle de la cimenterie d’Onigbolo que nous connaissons à la frontière du Bénin et du Nigéria) : l’avenir nous confirmera cette impression. Une fois passé la cimenterie, l’état de la route s’améliore. Ce sont les nombreux camions chargés de ciment qui ont creusé le bitume à proximité de la cimenterie.
Berthille se plaint toujours de sa douleur au ventre, Aliénor nous prévient qu’elle pleure de temps en temps de douleur. Pourtant quand on l’interroge, elle ne se plaint pas… Il est impossible de s’arrêter sur le bord de la route pour le moment, nous continuons donc à interroger Berthille sur sa douleur, à intervalles réguliers. Trouver la voie qui mène à Kouvé en pleine nuit n’est pas simple, nous allons par chance nous y rendre facilement.
Amicie et Gaëlle nous attendent depuis plusieurs heures quand nous arrivons enfin au centre médical de Kouvé, un dispensaire tenu par des sœurs italiennes. Les enfants descendent de la voiture, heureux de se dégourdir les jambes. Seule Berthille n’est pas très joyeuse, elle a de la peine à marcher, pliée en deux par la douleur. Son teint est très pâle. Nous décidons de l’allonger sur son lit pour voir si c’est le mal du voyage. Elle veut aller aux toilettes mais n’y parvient pas… Son ventre est dur et effectivement très douloureux : elle présente en terme médicaux une défense généralisée de tout l’abdomen, en particulier du cadre iliaque droit. Elle n’a pas de fièvre. Nous demandons un premier bilan biologique (une chance que nous soyons dans un dispensaire avec un labo de garde) : il y a des signes d’inflammation sur la prise de sang et la goutte épaisse permet d’éliminer un paludisme.
Entre temps Berthille s’est endormie. Marie-Aude veut la laisser dormir et voir demain. Mais le tableau d’appendicite me paraît assez franc et d’évolution assez rapide pour que nous nous en inquiétions dès cette nuit. Il est maintenant 22H00… Il fait nuit noire, les routes du Togo ne sont pas les plus sûres à cette heure. Un médecin du centre est appelé par Amicie pour donner son avis. Pour lui il s’agit aussi d’un abdomen chirurgical qui ne peut pas être pris en charge dans la région.
Il faut réfléchir vite… Berthille va encore assez bien : elle pourrait sans doute attendre demain pour avoir l’avis d’un chirurgien, mais nous sommes à plusieurs heures dudit chirurgien… Il nous faut donc profiter qu’elle puisse encore être transportée facilement pour gagner le centre chirurgical le plus proche où nous aurons tout le loisir de voir évoluer les signes en toute sécurité puisque le chirurgien sera tout près. Un antibiotique à large spectre est administré par voie intra veineuse afin de « refroidir » le syndrome infectieux le temps du trajet. Nous optons pour le centre d’Affagnan qui est réputé. Il y aura à cet endroit un chirurgien et une radiologie.
Gaëlle, qui connaît bien la route, nous accompagnera, Berthille et moi, à Affagnan ; Marie-Aude restera avec Amicie sur Kouvé pour garder les enfants qui sont déjà couchés et dorment comme des bienheureux.
Nous prenons la route vers 23H30. En pleine journée il faut 1H00 pour aller à Affagnan. La nuit c’est différent, d’autant plus que chaque secousse de la route arrache un petit cri de douleur à Berthille. Nous roulons donc au pas, 40 Km en vitesse de pointe sur les zones les moins abîmées… Nous allons mettre presque 2 heures. A un croisement nous rencontrons des jeunes enivrés qui commencent à courir derrière la voiture et à taper aux fenêtres, « Yovo, Yovo » : l’accélérateur a raison de leur liesse, sans doute peu dangereuse mais pas très rassurante quand même. Nous croisons quelques camions borgnes (un seul phare suffit !) roulant à vive allure. Nous nous rangeons à chaque fois précautionneusement sur le bord de la chaussée. Berthille somnole mais la douleur persiste et l’empêche de prendre un vrai temps de repos.
Arrivés à Affagnan, nous nous attendons à un accueil chaleureux, à une prise en charge des plus correctes. L’hôpital Saint Jean de Dieu est connu dans toute l’Afrique de l’ouest côtière. Il est tenu par des frères italiens. Berthille a toujours aussi mal. Nous entrons enfin dans les urgences de cet hôpital après que l’infirmier de garde se soit réveillé ! Le tableau d’appendicite se confirme : une fièvre à 38,5° malgré l’injection d’antibiotique faite deux heures plus tôt vient compléter les signes déjà présents. Le chirurgien est appelé : il vient examiner Berthille : des radios sont réalisées. Là encore des signes radiologiques d’occlusion renforcent les arguments pour une appendicite. Comme d’habitude en Afrique, on nous demande une avance pour les frais d’hospitalisation : 150.000 Fcfa. Heureusement, nous avions fait un retrait d’argent à Cotonou 48H00 auparavant. Une fois la somme prélevée par l’infirmier, je comprends que le chirurgien va repartir chez lui car il est gynécologue, ce n’est pas lui qui réalise ce type d’interventions… Je demande si le chirurgien viscéral va venir. La réponse est floue… Nous sommes au cœur des fêtes de Noël et il n’était pas là la veille… Est-il parti prendre quelques jours de congés ?
Le chirurgien est reparti, Berthille est dans une chambre de la partie « clinique » de cet hôpital : elle n’est donc pas dans la salle commune mais dans une chambre à deux lits avec salle d’eau… Il est 3H00 : un nouvel antibiotique intra veineux est administré en complément de celui qui avait été fait à Kouvé… Le choix de l’antibiotique est bon, mais il me paraît inquiétant qu’ils tentent de refroidir une nouvelle fois l’appendicite : essaient-ils de temporiser parce que le chirurgien viscéral est absent ?
Puisque nous avons maintenant tous les arguments diagnostiques, il est temps d’appeler notre assistance santé internationale. Fidesco nous a remis une carte avec un numéro d’appel 24H/24. Nous sommes rapidement pris en charge par une permanencière qui note tous les éléments. Dix minutes plus tard un médecin régulateur me rappelle : il a pris la situation en main, un dossier est ouvert. Il me demande un peu de patience, il doit encore prendre contact avec un médecin togolais qui est le contact sur place de la société d’assurance. Deuxième appel assez rapidement : le médecin togolais nous demande de nous rendre si possible sur Lomé où deux cliniques sont agrées pour la prise en charge internationale lors de ce type d’assistance. Le médecin togolais doit encore rappeler l’assurance pour dire vers laquelle de ces deux structures nous devons nous rendre…
Reste à récupérer une partie de l’argent laissé en caution… En effet c’est une caution pour le prix de la chirurgie qui a été laissée à l’entrée, si nous repartons, il n’y a aucune raison de laisser une telle somme derrière nous. D’autant plus qu’il ne nous restera pas grand-chose en cas de problème… Les palabres commencent… Je me donne jusqu’à 6H00 du matin pour récupérer l’argent. En effet pour le moment, Berthille reçoit sa perfusion, il n’y a pas d’urgence, elle se repose et ce repos va lui permettre de voyager dans de meilleures dispositions au petit matin. En fait, nous serons prêts à partir à 4H45 après récupération des 2/3 de la somme versée. Nous repasserons une autre fois chercher le reste de cette somme… Nous avons récupéré de quoi assumer le coût des premiers soins dans un autre centre.
Cette fois nous partons vers Lomé, la route est toujours aussi mauvaise, mais Berthille, calmée par son repos et les injections d’antibiotiques est plus sereine et nous pouvons rouler un peu plus vite… Le jour se lève sur la brousse togolaise, les petites collines arbustives ont laissé la place à des étendues planes qui annoncent la mer… Au loin, dans le rougeoiement du soleil levant se détachent des troncs massifs qui donnent naissance à de toutes petites branches : des baobabs.
A Lomé, nous demandons notre chemin et trouvons très rapidement la polyclinique St Joseph. Un urgentiste prend rapidement Berthille en consultation. La fièvre persiste mais la douleur a diminué. A présent c’est surtout le côté droit du ventre qui fait mal… Berthille a repris des couleurs, le sommeil lors du dernier trajet n’était pas du luxe.
Nous gagnons une chambre d’hospitalisation, le bilan préopératoire est réalisé. Le chirurgien la programme pour le jour même. Berthille est opérée vers 13H00. Gaëlle en profite pour dormir tantôt dans la voiture tantôt sur un fauteuil dans la chambre de Berthille. Pour le moment, je ne dors pas…
« L’opération s’est bien passée. » Le chirurgien vient de sortir de la clinique à ma rencontre, il est souriant : c’était bien une appendicite franche.
Berthille se porte bien, le réveil s’est bien passé également, la douleur est supportable avec les médicaments. Elle a pu se lever 24H00 après l’opération. Marie-Aude est arrivée à Lomé pour le réveil de Berthille, elle est logée avec les trois plus petits chez les Sœurs de la Providence, des italiennes qui ont un noviciat. Nous voici prêts à rester quelques jours sur place en attendant que Berthille aille mieux...

Quatre jours plus tard, Berthille va beaucoup mieux, elle est sortie de la polyclinique aujourd'hui et nous sommes ce soir à Dogbo ! Berthille gambade déjà : il faut le freiner un peu pour éviter qu'elle n'en fasse un peu trop !
Berthille entre ainsi dans une tradition familiale de Noël : Marie-Aude a en effet passé quelques Noël à l’hôpital ces dernières années dont une fois pour l’appendicite en 2003 !

Nous apprenons beaucoup de nos mésaventures de santé... Nous partageons les difficultés d'accessibilité au système de soins... Pourtant, nous ne sommes pas en danger nous... en effet, nous avons la voiture qui nous permet de nous rendre facilement où il faut, nous avons l'assistance santé AXA internationale qui est vraiment très efficace, nous avons une réserve d'argent déblocable à tous moment si besoin... Bref nous sommes finalement plus riches que nous le pensions !
Mais au fait : joyeux Noël à tous.





samedi 28 novembre 2009

Immigrés

C’est en allant au ministère de l’immigration béninois que nous prenons pleinement conscience que nous sommes des immigrés : Français résidant en terre béninoise ! Et pour être sûr qu’on s’en rend bien compte, le parcours est épique !
Pour obtenir le visa de travail il nous faut une carte de séjour. Pour avoir cette carte de séjour il faut passer devant le chef de village, devant le maire, devant le médecin agréé sur la zone sanitaire dont dépend Dogbo verser une caution correspondant au billet d’avion retour vers la France… La caution, quelle affaire !



L’état béninois ayant quelques difficultés à rendre les cautions un accord a été signé avec la France, nous versons une caution à l’Ambassade de France qui l’envoie à la caisse des dépôts à Nantes et nous délivre une attestation avec laquelle nous obtenons un quitus au Consulat… Armés du quitus nous nous rendons au Ministère de l’immigration béninois : il faut encore débourser un peu d’argent, les frais de « dossier » ! « La carte sera prête dans un mois. » En fait il faut compter 6 mois si l’on en croit ceux qui sont déjà passés par là ! Un récépissé nous permet d’aller demander un visa provisoire de trois mois. C’est à un autre bureau, là on nous demande de nouvelles photos, des nouveau frais de dossier… Donc nous partons faire tout cela… Mais il faut aussi des photocopies des récépissés… « Vous ne pouvez pas les photocopier ici ? » « Non » (la photocopieuse est pourtant bien là dans le fond du bureau…)
Nous revenons. Le dossier se constitue et le temps passe. Il faut revenir chercher les passeports dans deux jours. « Pouvons-nous avoir un récépissé pour les récupérer ? » - « Non, la personne chargée d’éditer les papiers est partie manger, revenez cet après midi »
En fait c’est comme en France pour ça : tout pareil !

lundi 23 novembre 2009

Espace membres

Bravo à Etienne et Thérèse qui sont nos premiers membres ! Ils ont réussi à s'inscrire, ce que bon nombre d'entre vous ont essayé mais sans succès... Bon, il faut avouer que ce n'est pas simple, mais c'est donc possible.

Pour info Etienne et Thérèse sont en mission à Manado en Indonésie et vous pouvez également aller faire un tour sur leur blog qui figure dans les raccourcis ci contre.

A bientôt.

Du bout des doigts...

Du bout des doigts nous vivons un peu de ce que vivent la majeure partie des Béninois... Depuis que nous avons perdu une grosse somme d'argent, nous avons eu quelques frais et nous voici ce soir quasiment à sec. Il nous reste l'équivalent de 15 € avec lesquels nous devons tenir quatre ou cinq jours encore !
N'ayez crainte : il y a encore du beurre dans le frigo et nous avions prévu un véritable siège, les provisions ne manquent pas. Mais nous ne mangerons pas de viande et ferons des choix de pauvres, ce que nous n'avions pas vraiment eu à faire depuis notre arrivée, car en gérant bien notre indemnité nous nous retrouvions toujours dans les clous. Nous touchons donc du bout des doigts cette pauvreté que la population qui nous entoure vit chaque jour, mais nous ne la vivrons jamais totalement : nous restons des européens avec nos réserves en France, nos assurances de rappatriement, nos contacts multiples prêts à nous aider dans la difficulté... Notre vie est quand même de toute manière plus facile, et rien ne semble pouvoir changer cela, du moins à court terme.

jeudi 19 novembre 2009

Message in the bottle !

La référence au tube de Police s'arrête là, en effet les vidéos suivantes ne sont pas un appel au secours ! Nous avons profité de la venue de Philippe Allain il y a 10 jours pour les tourner... Les voici enfin sur la toile.
  1. http://www.youtube.com/watch?v=FxxyzCyFuYQ
  2. http://www.youtube.com/watch?v=rramQsEQziE
  3. http://www.youtube.com/watch?v=YTHLkzy_DTQ
Depuis ces vidéos la situation locale a évolué... Nous avons eu quelques petits soucis, enfin même des gros, mais on ne va pas s'éterniser à les raconter... Disons que nous nous sommes fait voler une grosse somme d'argent et que c'est très embêtant, il y a peu de chance de retrouver le porte-monnaie volé. Le commissaire y travaille... Il a également dû travailler pour innocenter Bertrand accusé (à tort bien évidemment) de meurtre... Oui, vous avez bien lu ! Heureusement ça n'a duré que deux heures mais ça fait drôle quand même ! Sinon ? Tout va très bien Mme la marquise...

lundi 9 novembre 2009

Berliner Mauer

Aujourd’hui cela fait 20 ans que le mur de Berlin est tombé sous la pression populaire assoiffée de liberté et d’unité. Ici, au Bénin, les médias ne relaient pas énormément cette commémoration mais nous imaginons qu’en Europe c’est tout à fait différent !
Tout de même, nous avons profité de l’occasion pour inviter à dîner ce soir un jeune allemand, Peter, qui est en coopération pour une année sur Dogbo. Bachelier de 18 ans, Peter a choisi de faire son service militaire (toujours obligatoire en Allemagne) dans la coopération internationale via le service allemand d’aide au développement. La majeure partie des jeunes allemands choisissent cette alternative. On est loin du piètre intérêt de la journée civique des jeunes français !
Peter est arrivé début août à Dogbo, il intervient bénévolement au collège comme professeur de mathématiques en sixième : il a deux classes. En sixième les élèves ont donc 11 ans en théorie en France… Ici aussi, sauf que dans la pratique ils sont très peu à suivre de manière continue leur scolarisation, ils l’interrompent parfois pour aider au travail de la terre, du commerce… Peter a donc des élèves qui ont son âge à quelque chose près ! Parfois peut-être des plus âgés (l’âge est incertain dans le milieu rural béninois).
Au moment de la chute du mur, Peter n’était pas né ! Pour lui ce n’est donc pas un souvenir, c’est l’histoire. Alors que nous avons un souvenir très précis de cette soirée : l’un comme l’autre nous nous souvenons de la réaction de nos parents, nous soulignant le caractère historique de l’instant !

Peter est quasiment notre voisin, il habite dans le quartier qui se situe de l’autre côté du mur d’enceinte de l’hôpital : mais ce mur là, nous ne l’abattrons pas : il nous permet de ne pas être trop envahi !

dimanche 8 novembre 2009

Toujours prêts

La célèbre devise scoute "be prepared" : vous connaissez ? Toujours prêts ! Ce n'est pas une devise vaine et obsolète, c'est une véritable réalité du scoutisme : former des personnes qui s'engagent au service des autres, "sans attendre d'autre récompense que celle de savoir que nous faisons sa très sainte volonté" (extrait de la prière scoute).

Pouquoi ce petit couplet scout ? Tout simplement parce que nous avons eu une première visite, et que ce n'est pas un hasard si c'est notre ancien chef de groupe scout de Nantes qui est venu au Bénin ! Philippe Allain est président d'une association nantaise qui depuis 25 ans soutient le développement et le fonctionnement d'un hôpital béninois : celui de So-Tchanhoue sur le lac Nokoue. Un hôpital installé sur une ile au miieu du lac pour soigner la population lacustre (70000 personnes !) qui vit sur pilotis.

Nous avons pu partager nos expériences respectives, deux hôpitaux diocésains, deux modes de fonctionnement, des problématiques différentes mais toujours ce besoin d'assistance pour que "ça tourne"...




Au moment de se quitter, ça fait quand même tout drôle de se dire : "bon, toi tu seras en France demain, ben tu lui diras bonjour..." Il nous reste le Camembert qui comme Ulysse...

Oui, nous on reste, on est là, on reste là... Et ça va faire trois mois dans 2 semaines... On ne peut plus s'y tromper : c'est pas des vacances.

samedi 7 novembre 2009

Visite guidée

Aujourd'hui nous sommes à Cotonou, accès facilité à Internet via l'ADSL ! Miracle de la technique que nous réapprécions à sa juste valeur...

Nous en profitons donc pour mettre en ligne trois vidéos tournées il y a quelques semaines déjà :
  1. arrivée dans Dogbo depuis la route de Lokossa jusqu'à l'entrée de l'hôpital Saint Camille : http://www.youtube.com/watch?v=tAbb_yCnyyI
  2. arrivée dans l'hôpital St Camille jusqu'à la maison (Devaudhoué : prononcez Devauroué en roulant le "r") : http://www.youtube.com/watch?v=YscI9ZvmHIk
  3. quelques surprises sur la piste entre Devé et Lokossa : http://www.youtube.com/watch?v=cqLiSX6Jd2M
Bonne visite !

lundi 2 novembre 2009

Aliénor-Merveille

Vous le savez tous, Aliénor est effectivement merveilleuse. Mais nous n’allons tout de même pas écrire un post entier pour vous le dire ? Elle aurait les chevilles qui gonflent !
Aliénor-Merveille c’est le prénom d’une petite africaine née cette semaine à la maternité de St Camille ! Il arrive souvent que les parents n’aient pas d’idées de prénom pour leur enfant et ils demandent à la sage-femme de le nommer. Mais parfois elles sont à cours d’idées… Elles commencent donc à donner nos prénoms ! A commencer par Aliénor cette semaine. Ici le prénom double est la règle, généralement un prénom français et un prénom adja. Ou bien comme pour Aliénor-Merveille le prénom est suivi d’un qualificatif qui tient lieu de deuxième prénom.



Ce soir Aliénor est allée à la maternité pour voir son homonyme qu’elle a pu porter dans ses bras. Pas trop lourde : 1,780 Kg ! Pas trop noire non plus… Il va d’ailleurs falloir qu’elle prenne quelques couleurs au niveau des conjonctives… Aliénor a offert un sachet d’oranges à la maman d’Aliénor-Merveille pour lui donner des bonnes vitamines. Maintenant il va falloir qu’elle apprenne à prononcer le prénom de sa fille !
Il lui restera toujours Merveille si c’est trop dur… D’ailleurs à propose de merveille, que pensez-vous du coucher de soleil d’hier photographié depuis la maison ?


vendredi 30 octobre 2009

Pour quelques gouttes d'or noir



Quel lien entre ce Playmobil et le titre du post ? Effectivement ce n’est pas évident au premier abord… Certes les figurines en plastiques sont fabriquées à base de pétrole mais ce n’est pas pour le Playmobil que le titre a été choisi. La figurine illustre de manière efficace une image que nous ne pouvons vous montrer mais qui reste gravée à jamais dans nos mémoires…
Comme vous le savez, nous sommes allés à la frontière Bénin/Nigéria pendant quelques jours. Le Nigéria est un pays producteur de pétrole, un pays qui pourrait être le plus riche d’Afrique… Mais la corruption et les trafics en tout genre en ont pour le moment décidé autrement. Ce pays potentiellement locomotive de l’Afrique n’est finalement que le tender qui fournit de l’essence à ses voisins parfois sans passer par la douane. Les trafiquants sont nombreux et les mailles du filet assez lâches pour permettre la mise en place d’un business, sans doute lucratif mais très dangereux. Ainsi on peut voir rouler des mobylettes chargées de bidons d’essence, mais comme le porte-bagages n’est pas suffisant les conducteurs s’attachent des bidons tout autour du corps : une poudrière roulante !
Ce mercredi matin, nous roulions entre Onigbolo et Pobè quand un attroupement au bord de la route nous a forcé à ralentir, passant à vitesse réduite nous avons d’abord vu de loin une carcasse de moto calcinée, et très rapidement nos yeux se sont arrêtés sur ce corps calciné, resté en position de conduite, tel une figurine articulée, raide, déposé sur le dos au bord de la route, les jambes liées en l’air, les bras semblant encore accrochés à un guidon imaginaire, les entrailles surgissant de l’abdomen éventré par le feu, la peau cramoisie et recouverte de plastique brûlé, le regard à jamais figé vers le ciel dans une expression crispée témoignant de l’horrible souffrance du brûlé vif… Il était là au milieu des badauds et des gendarmes, personne n’osait toucher à ce corps pourtant mort depuis plusieurs heures (nous avons rencontré ensuite plusieurs personnes passées une à deux heurs avant nous et qui ont été témoins de la même scène). Quelques litres de pétrole, quelques milliers de francs cfa (quelques dizaines d’euros) ont justifié une telle prise de risque. Ce type d’accident est fréquent… On nous l’avait raconté, mais le voir de ses yeux est vraiment différent ! Aliénor et Louis-Baptiste n’ont vu que la moto… Berthille a vu un monsieur qui attendait un médecin, elle n’a heureusement pas demandé si papa allait s’arrêter pour lui porter secours, peut-être avait-elle eu le temps de voir et de comprendre plus que nous ne l’imaginons… et plus qu’elle ne veut bien nous le dire. Les enfants africains étaient à un mètre du corps, la mort ici est visible, palpable, par tous et pas seulement par les soignants, elle ne se vit pas de la même manière par l’entourage. C’est inexplicable, on ne peut que le constater et tenter d’apprivoiser cet aspect culturel très frappant.
Au-delà de la question culturelle autour de la mort, c’est la question philosophique de la valeur de la vie qui nous est renvoyée en pleine figure… et même si le jeu de mot est glauque, c’est la question de l’essence de l’être humain qui se pose à nous par ce fossé culturel. Nous sommes encore loin d’être inculturés…

jeudi 29 octobre 2009

Bloc

Certain l’ont su par mail, d’autres n’étaient pas au courant… J’ai eu quelques soucis de santé liés à notre arrivée au Bénin (c’est Bertrand aux commandes aujourd’hui). Tout d’abord un problème mal placé (dans le pli interfessier) : un abcès qui s’est formé au dépends d’une glande sudoripare (celles qui produisent la sueur) qui s’est mise à gonfler de manière très importante. En effet depuis notre arrivée notre sueur coule à flots et ce petit kyste sans doute présent depuis plusieurs mois voire années s’est développé beaucoup plus rapidement sous le climat équatorial.
Deuxième problème : une piqûre de scorpion sous le pied gauche. Ce problème date d’il y a un mois. Nous pensions que ça allait passer tout seul mais c’est un peu long et nous avons fini par suspecter une nécrose. Plusieurs médecins en France me conseillaient de me faire opérer…
Samedi nous avons appris la venue d’un chirurgien plasticien au Bénin. Le Dr Zilliox est lyonnais, il travaille pour l’OMS et fait actuellement une tournée au Bénin pour donner des cours pratique de chirurgie de reconstruction dans les blocs de Raoul Follereau chargés de prendre en charge les malades atteints par l’ulcère de Buruli. Nous sommes donc allé de l’autre côté du Bénin, à Pobè, à la frontière avec le Nigéria. Nous y étions accueillis chez Marie-Françoise et Pierre Ardant : Marie-Françoise est médecin au centre Raoul Follereau de Pobè et Pierre est directeur technique de la cimenterie Lafarge d’Onigbolo.
Après concertation il a été décidé de laisser la piqûre de scorpion évoluer seule puisqu’on notait une amélioration spontanée depuis quelques jours et qu’une telle opération aurait laissé des séquelles (perte musculaire sous la voûte plantaire). Par contre j’ai été opéré de l’abcès sous anesthésie locale (il n’y avait pas de médecin anesthésiste ni de réanimation à proximité), l’abcès allait jusqu’à l’os et il était donc bien justifié d’intervenir. L’opération s’est bien passée, ça reste un peu douloureux notamment lors du trajet de retour en voiture (3 heures assis !) mais maintenant c’est une question de jours : dans une semaine on n’en parlera plus !

dimanche 25 octobre 2009

Lac Tobadji

Le WE avait commencé sous la pluie et donc dans une certaine anxiété puisque nous recevions tout un groupe de Cotonois : des expat' français qui nous accueillent régulièrement à dîner voire à dormir quand nous allons sur Cotonou. Donatien et Ronan dont les épouses respectives sont actuellement en France, Laëtitia et Cédric avec quatre de leurs six enfants.

Samedi midi alors que tout le monde arrivait pour déjeuner, le soleil est arrivé également. Après de bonnes agapes nous avons dû changer de programme, nous devions initialement tenter de trouver les chutes d'Adjarala sur le fleuve Mono mais la piste de 20 Km qui y mène est dangereuse par temps de pluie. La carte IGN nous fournit un nouveau plan : le lac Tobadji... Il faut emprunter la piste de Deve puis tourner à gauche en direction de Lokossa… Simple comme bonjour sauf qu’en vrai les pistes se ressemblent toutes et il n’y a pas de panneau de direction, il n’est donc pas rare de se trouver face à une patte d’oie. Le passant est toujours là pour nous indiquer la bonne route.





Le ciel encore chargé de nuages d’un bleu électrique se découpe sur l’horizon de verdure dont la couleur est ravivée par la pluie tout juste tombée. La piste d’un rouge ocre se détache devant nous avec ses sinuosités, bordée de teks, de baobabs, d’acacias et d’irokos. Le paysage est splendide.

Nous garons les véhicules au bord de la piste et nous enfonçons sur le chemin d’un village. La fille du chef nous voyant arriver court chercher son père, nous nous inclinons légèrement devant lui comme le veut la coutume… Quelques salutations d’usage et il nous indique le chemin du lac… Ou plutôt il nous dépêche quelques soixante dix enfants pour nous accompagner ! Le chemin est très boueux… A vrai dire c’est même pire que ça ! En fait le chemin est sous l’eau, on marche à tâtons suivant de près les enfants du village qui connaissent chaque recoin, chaque piège possible.
Le lac se livre enfin avec ses pirogues, les méandres des canaux qui le desservent. Les pêcheurs passent sur leurs embarcations entre les hautes herbes, ils semblent flotter non sur l’eau mais sur la savane… Les enfants sont là, jouant dans l’eau, dansant sur la coque retournée d’un vieux dériveur, jouant même aux cartes dans un recoin un peu plus sec, la nuit va commencer à tomber, nous ne restons que quelques dizaines de minutes dans cet espace hors du temps qui semble vivre au même rythme depuis des lustres sans que rien ni personne ne puisse le déstabiliser. Notre présence est la bienvenue, les visages montrent une certaine fierté : pouvoir montrer au blanc, au yovo, ce qui est beau chez moi.









Au retour le chef de village est invité à venir faire soigner ses enfants (ceux du village quoi) à St Camille : ils sont particulièrement exposés à l’ulcère de Buruli par les baignades dans ce lac d’eau douce entouré d’herbes folles…
Nous reprenons la route les yeux remplis de ces images, de cette ambiance… L’accès au lac était difficile mais le spectacle en valait la peine. C’est l’Afrique elle-même qui nous paraît par certains points inaccessible, cette expérience nous montre qu’il faut persévérer parce que le jeu en vaut la chandelle.

Le post pourrait s’arrêter ici mais le retour nous a réservé également quelques surprises agréables : un troupeau de vaches nous a barré la route. C’est le premier que nous voyons dans le secteur ! De très belles bêtes avec des cornes dignes des plus grandes arènes du sud de la France et d’Espagne… Pas sauvages du tout, manœuvrées par des enfants très sûrs d’eux et pas maladroits.

Et juste avant d’arriver à Lokossa, le dernier barrage de la route : l’eau… C’est là qu’on comprend vraiment l’utilité du 4*4 !



Une bonne journée comme celle-ci nous permet de nous ressourcer, de trouver l’énergie pour continuer à aimer ce pays malgré ses défauts, ses faiblesses, malgré ce qui nous fait souffrir dans notre quotidien. On peut aimer l’Afrique en y passant quelques jours, c’est évident, mais on peut aussi l’aimer en y vivant plus longtemps, c’est moins évident mais c’est certain.

vendredi 23 octobre 2009

Y'a bon cacao !

Le Bénin est un produit producteur de cacao... mais pas consommateur ! Nul part dans les échoppes de Dogbo, pourtant nombreuses, nous ne trouvons du chocolat digne de ce nom. En fait le Bénin est surtout exportateur de cacao. Ainsi de nombreux légumes peuvent pousser au Bénin, le soleil et la pluie sont un cocktail parfait pour le jardinier motivé : pourtant personne ne se nourrit de légumes, "ça ne cale pas assez !"

Effectivement c'est moins bouratif que la pâte blanche ou rouge et que le riz. Nous arrivons quand même à trouver des aliments adaptés à notre régime alimentaire et nous ne déplorons pas de constipation pour le moment (une maladie extrêmement répandue ici !)

Par contre les fruits sont très bons et appréciés tant par nous que par les autochtones : les ananas et les papayes, les oranges et les bananes, et bientôt la saison des mangues !


Retour du marché

Tout ça pour dire qu'on est loin de mourir de faim !

mercredi 21 octobre 2009

Fourmis

Après les oiseaux d'Hitchkock, voici les fourmis de Dogbo... Plus précisément les fourmis "mayans" (certains d'entre vous connaissent-ils déjà ?)



De loin sur le chemin on devine une ligne noire... Plus on s'approche et plus ça grouille. Une sorte d'autoroute pour fourmis : un ligne de circulation dans chaque sens, et autour de ces deux lignes des fourmis garde du corps forment les bas côtés de l'autoroute... Impressionnant ! Des fourmis de toutes tailles, chacune avec des spécificités anatomiques sans doute adaptées à leur rôle "social".



Nous avons jeté un bout de bois sur le passage, en quelques secondes une nouvelle organisation se dessine avec des routes secondaires et quand même quelques fourmis perdues... Y en a t'il des milliers ou des millions ? Difficile de dire. En tout cas ce soir, après qu'elles se soient évanouies dans la nature, il restait sur le chemin un sillon de 2 cm de large à l'endroit où elles étaient passées !

Une fourmi a tenté de nous escalader : on la sent très vite car ça gratte très fort. Même une fois enlevée, ça gratte encore... pendant deux heures !



Un film de ces fourmis a été tourné mais nous ne pouvons malheureusement pas vous le faire partager pour le moment car notre connexion n'a pas assez de débit !

mardi 20 octobre 2009

L'appel de Cotonou

C’est juste un petit test pour savoir si vous suivez l’actualité béninoise ! Jacques Chirac nous a rendu visite le 12 octobre, pas à Dogbo mais à Cotonou. Il n’avait pas le temps de visiter Saint Camille, ce sera pour une autre fois !

Il a vieilli quand même...
L’appel de Cotonou c’est un texte publié et lu par la fondation de Jacques Chirac en collaboration avec six chefs d’état africains qui veulent mettre fin au trafic de faux médicaments sur leur territoire, une vaste bataille à mener de front et avec le soutien de l’occident. Boni Yahi, le président de la république béninoise a estimé que ce trafic représente une perte pour le commerce pharmaceutique officiel de 30 milliards de Fcfa soit 67 millions de dollars quand même !
En pratique, ces médicaments sont notre quotidien : sur le marché les étalages sont assez bien achalandés, les boîtes ont souvent pris l’eau mais les blisters semblent neufs. Le visuel utilisé est souvent asiatique et le prix n’est pas dérisoire, il engraisse sans doute pas mal de niveaux commerciaux… Le médicaments est au mieux inoffensif, au pire délétère…
A l’hôpital nous voyons passer des enfants qui présentent des signes cliniques inhabituels de la maladie pour laquelle ils semblent venus. Nous ne traitons pas les maladies en première main, il faut accepter de passer après le sorcier, le vendeur du marché, l’infirmier peu scrupuleux qui vend des injections mal dosées : par exemple trois fois la dose de Quinine… La semaine dernière deux enfants sont arrivés aveugles : leur rétine a été « brûlée » par un surdosage massif en Quinine. Et comme c’est à l’hôpital qu’on fait le diagnostic, nous sommes quelque part tenus pour responsables de cet état pourtant lié à ce qui s’est passé en amont et que nous ne découvrons parfois qu’au bout de trois jours… Quand la confiance s’instaure et que notre capital confiance dépasse enfin celui du sorcier…

Ce soir nous avons placé devant la pharmacie un communiqué de presse de Reuters sur cet appel de Cotonou afin d’informer la population des méfaits des médicaments de contrefaçon… L’article s’intitulait : « Jacques Chirac fustige en Afrique le trafic de faux médicaments » mais il nous a semblé bon de changer le titre par « l’appel de Cotonou » qui est un peu moins occidentalo-centriste !
Et n’oubliez pas, en cas de grosse fatigue, de fièvre, de maux de tête : la solution de tous vos petits soucis - un petit coup de LETAMOL !

vendredi 16 octobre 2009

Jean et Jeanne

Cet après midi nous avons pris le temps de faire notre première escapade en amoureux : Berthille et Aliénor étaient à l'école, Louis-Baptiste à la sieste et Clotilde jouait avec Lucie.
Nous sommes allés faire quelques courses : un siphon qui ne fuit pas (pour le double bac évier de la cuisine) ce qui nous évitera de vider chaque jour les bassines qui se relaient sans arrêt sous l'évier ! Mais également un repérage des prix pour une peinture qui devrait bientôt donner un peu de lumière à notre intérieur...
Surtout nous nous sommes rendus à Gohomé (prononcez Goromè), un hôpital de brousse spécialisé dans la renutrition des enfants malnutris voire dénutris. Gohomé est un hôpital tenu par une ONG allemande (Aktion Pro Humanitaria) qui emploie du personnel béninois. Les soins sont quasi gratuits grâce à la manne financière et à l’encadrement arrivant d'Europe, les bâtiments sont bien entretenus, on a l'impression de changer de pays en entrant ! Ce n'est pas sans but que nous allions dans ce centre, nous voulions voir Jean et Jeanne des jumeaux vus par Bertrand en consultation il y a 15 jours...

Jean et Jeanne sont arrivés à Saint Camille le 30 septembre, âgés de trois mois, ils pesaient 2,2 Kg, soit 100 g de moins qu'à leur naissance. Leur maman a vu son lait se tarir assez rapidement après la naissance, elle achetait des boîtes de lait 1er âge... pour leur donner un biberon chacun par jour... La faible alimentation, le manque de soin et d'hygiène dans la préparation des biberons ont provoqué des mycoses de leur tube digestif et un amaigrissement important (qu'on appelle marasme). Voici la description que Bertrand en a fait à sa soeur (médecin nutritionniste) par mail : "nous avions peur de les casser, tu remarqueras le dessin des muscles abdominaux ! Pas un pet de graisse... Impressionnant à voir en vrai, la photo ne reflète qu'une partie de la réalité : le rythme respiratoire ralenti pour diminuer les efforts des muscles intercostaux et du diaphragme, la bradycardie de conservation, le mouvement incessant de succion de la bouche, la mycose du tube digestif de la bouche à l'anus, les rétractions musculaires des membres, la fatigue des muscles oculaires qui font chuter le regard au bout de 3 ou 4 secondes, l'exophtalmie leur donnant cet aspect de vieillard, le découpage des vertèbres dorsales saillantes avec les pré escarres à chaque épine dorsale... Il a fallu examiner chaque enfant en 4 minutes chrono pour éviter de les épuiser et de les tuer..."

Pour venir à la consultation à Saint Camille, les parents sont venus à pied ! 7 Km depuis leur village... Il fallait faire encore 7 Km pour Gohomé, nous les avions emmené en voiture pour éviter qu'ils ne s'épuisent plus...
En partant pour Gohomé aujourd'hui, nous ne savions pas dans quel état nous allions les trouver... La maman en nous voyant arriver s'est levée de l'endroit où elle était pour venir à notre rencontre... avec un seul enfant... Jean, qui était effectivement plus faible que Jeanne est décédé le lendemain de son arrivée à Gohomé. Jeanne par contre a survécu, elle a perdu ce faciès de vieillard, on ne voit plus ses os, elle bouge normalement, elle est encore faible mais sait quand même pleurer pour demander à manger (nous sommes arrivés à l'heure du biberon) : pleurer ! Il y a 15 jours elle n'avait même plus la force de pleurer malgré la faim extrême qui la tiraillait. Nous sommes restés très peu de temps, mais nous retournerons voir Jeanne pour évaluer ses progrès et améliorer notre collaboration avec ce centre hospitalier qui comporte également un orphelinat... Un pan social que nous ne traitons pas à Saint Camille...

Cette petite histoire est un peu à l'image de notre début de mission... Le but est accompli à moitié seulement... Mais ce n'est pas la partie sombre des échecs qui doit nous démobiliser, car la moitié lumineuse et joyeuse de la vie triomphant sur la mort est bien réelle, et c'est elle qui l'emportera...

jeudi 15 octobre 2009

Kanakoo

Vous vous demandez bien de quelle tribu il s'agit ! C'est la clef Internet qui nous permet de nous connecter facilement (le cyber café est loin et la connexion pas très fiable). Mais cette clef doit maintenant se partager entre deux maisons, celle de Marie-Ange et Anne-Sophie et la nôtre... Difficile de suivre la conso de chacun dans ces conditions. Une deuxième clef a été chetée, mais elle ne fonctionne pas bien ! Il va falloir revoir ce problème avec le marchand... qui est sur Cotonou... Donc à 2H30 de route... On verra ça plus tard !

Alors quelques nouvelles très rapides : la rentrée s'est bien passée ! Elle a eu lieu ! De nombreuses surprises attendaient les filles, l'école est très différente ! Le plus surprenant est sans doute le mode de déplacement... au pas cadencé par la voix du maître "gauche/droite... gauche/droite..." et le lever des couleurs béninoises le lundi matin ! Après deux ou trois premiers jours d'adaptation, nous commençons à voir Berthille et Aliénor se faire des ami(e)s et à raconter positivement la journée.

De notre côté le travail ne manque pas et justifie également le silence radio en plus des problèmes de connexion... Une petite saison des pluies s'annonce : les palu sont en recrudescence et amènent plus de patients à Bertrand. Marie-Aude quant à elle doit trier une tonne de paperasses qui tombent du ciel au compte goutte...

Maintenant il est temps de vous quitter, si vous voulez plus de nouvelles il faut que notre clef Kanakoo fonctionne ! Pour nous aider de France, vous pouvez peut-être faire un feu chez vous, vous rassembler autour, au son du tam tam, et vous pourriez crier/chanter "Kanakoo, Kanakoo !"

lundi 5 octobre 2009

R.A.L.

La rentrée aura lieu ! Depuis plusieurs semaines voir mois, de nombreux étalages sur le bord des routes et des vons arborent cette petite pancarte aux couleurs du Bénin (vert, jaune, rouge) frappée des lettres capitales R.A.L. affirmant une réalité qu’on ne saurait signaler en France : la rentrée aura lieu…



En effet pourquoi affirmer ce qui est inéluctable : la rentrée ne peut pas ne pas avoir lieu ? D’ailleurs la rentrée c’est aujourd’hui 5 octobre (enfin l’état avait annoncé le 1er octobre initialement). Nous la préparons depuis déjà quelques jours, les uniformes ont été confectionnés par Séverine (un article à venir va vous la présenter) : il y en a un pour les lundi, mardi et mercredi (bleu) et un pour les jeudi et vendredi (violet), les sacs ont été remplis (principalement par l’ardoise, les craies et le chiffon propre). Nous avons pris contact avec un zemidjan (taxi-moto) qui s’appelle Patrice, il est attentionné et nous avons confiance en lui.



Il était un peu en retard ce matin, les filles impatientes sont donc parties à pied… à sa rencontre ! Les voici enfin juchées sur le zem : départ pour l’école… et le grand bain !






Une fois devant l’école, l’affluence attendue n’est pas au rendez-vous… En fait nous sommes les seuls ! Un maître est dans la cour : « - la rentrée c’est demain, il y a eu une directive vendredi soir à 17H00 ! » « - Mais comment les autres parents ont-ils su ? » « - On leur a dit lors de l’inscription ! »



Mais bien sûr ! Ils se sont inscrit une fois sûrs que l’école commencerait bien : donc la veille ! Extra-ordinaire ! En fait nous avons trop anticipé ! Nous avions inscrit les enfants depuis 15 jours (en demandant s’il n’était pas trop tard : on nous a répondu « ça va »).
Retour à la maison, une journée de vacances en rab’ (on ne les compte d’ailleurs plus depuis fin juin).

vendredi 2 octobre 2009

Jour de marché

Aujourd’hui Dogbo s’anime autour du marché ! Tous les 5 jours (comptés à la béninoise) soit tous les 4 jours (à la française) le marché envahit les moindres recoins de Dogbo : la ville grouille depuis 14H00 jusqu’au milieu de la nuit !
Le bord du bitume, une place à droite, une halle à gauche, le marché est finalement plus grand à chaque fois qu’on le redécouvre. Les produits ont leur quartier : le coin des ferronniers (outils de toutes formes, pièges en tous genres, morceaux de boites de conserves pour les scarifications vaudous) ; le coin des menuisiers (petits tabourets, lits, fauteuils, cercueils…) ; les vendeuses de manioc (à même le sol) ; les paniers de tomates, le coin ravissant des pagnes riches en couleur et en variétés ; les restaurants (enfin les maquis : partage d’un bout de banc autour d’une grande marmite de haricots fumants), le coin des fripes (merci la Croix Rouge) ; les feuilles légumes (qui ressemblent à de grands épinards). Certains produits n’ont pas de coin spécifique, on les trouve partout : les oignons classés en trois tailles, les piments rouges et verts, les vendeuses de sous vêtements sous plastiques (donc neufs !), celles de bassines et pots en plastique ou en inox (on trouve vraiment toutes les tailles !)


Après avoir découvert le produit qu’on est venu chercher, reste à marchander le prix. Cas pratique.
But : acheter des plans de tomate pour le potager. Correction : choisir des tomates de bonne qualité pour les égrainer. Promenade dans le coin des revendeuses de tomates. Première difficulté : se frayer un chemin dans la cohue ! Sans bousculer les paniers de présentation ou de petits tas de tomates minutieusement installés tiennent en équilibre instable, ni les paniers ultra remplis tenus sur la tête de vendeuses ambulantes. Sans se faire bousculer par de grandes brouettes à deux roues souvent poussées ou tirées par des enfants criant pour annoncer leur passage en trombe. Attention en se décalant pour laisser passer ce véhicule dont la largeur correspond pile à la largeur de l’allée entre deux étals, de poser ses pieds sans écraser tomates, gingembres, maïs ou même des doigts !
Après avoir « tâté de l’œil » beaucoup de tomates, de l’unique espèce existant ici (ah ! Petite pensée pour les bonnes variétés de tomates de Belvault), le choix se fait sur un panier de tomates bien rouges. Là on imagine que l’on touche au but… Mais non ! Commence le tri et la palabre autour du prix !



Du grand panier de présentation, les tomates passent dans deux petites bassines dont la taille sert de référence pour le prix (puisqu’aucun pesage ne se fait sur le marché). Alors le prix ? Il se fait encore attendre, on se regarde on se sourit, la vendeuse réfléchit et annonce 1200 Fcfa. Joseph (on vous reparlera de lui) qui m’accompagne ce jour là rit, discute un long moment en Adja et propose 700… Grand rire de la vendeuse qui reprend la discussion et annonce finalement 1100… Et… On refait un tri dans une seule bassine cette fois : les tomates les plus rouges sont choisies… Le prix ? 1500 ! Ce qui provoque un éclat de rire chez Joseph et la vendeuse (moi je ris jaune car un moteur crache sa fumée sous mon nez !) : leur jeu a bien duré 15 ou 20 minutes et j’ai finalement déboursé 800 Fcfa.
Dernière étape : le petit sac plastique noir. Toute chose achetée mérite et impose son sac. Hélas, ils finissent le plus souvent par terre.

Les tomates étaient au menu ce soir : nous nous sommes régalés. Les pépins sont lavés, prêts pour deux jours de soleil et seront semés plus tard. Première récolte espérée dans deux mois et demi ! Le climat (et le travail de Joseph) nous permettent d’espérer un potager très précoce. La végétation est en effet luxuriante en cette fin de période des petites pluies. Il faut une semaine au maïs pour gagner 50 cm ! La grandeur de la création se révèle particulièrement dans cet environnement ou tout semble pousser facilement et rapidement. Pourtant bien peu de béninois profitent pleinement de ce potentiel : des questions d’éducation et de moyens sont sans doute en cause mais il est trop tôt pour en dire plus car nous ne comprenons encore pas toutes les raisons qui créent la misère et les problèmes de nutrition qui nous entourent.
Loué sois-tu Seigneur pour ta Création.
Marie-Aude

dimanche 27 septembre 2009

Porto-Novo

Ce WE nous sommes allés à la Capitale !

Le Père Nestor ATTOMATOUN revenait de Belgique où il a passé plusieurs années pour ces études. Nestor est le premier prêtre ordonné pour la Communauté de l'Emmanuel au Bénin. Son ordination a eu lieu il y a un an le 15 août.

Nous sommes venus l'accueillir à Cotonou et avons eu le plaisir de l'accompagner chez une tante pour les retrouvailles avec ses frères et soeurs. Le pichet de l'amitié a été servi : en pratique un pichet tourne de mains en mains et chacun en boit une gorgée.



Aujourd'hui samedi, nous avons accompagné Nestor jusqu'à Porto-Novo la capitale, y retrouvant d'autres volontaires Fidesco : Jean-Paul et Yves qui sont dans un centre Don Bosco qui accueille les enfants orphelins et/ou travailleurs (ces enfants sont débusqués sur les marchés où des adultes les font travailler : une personne du centre les suit pour comprendre ce qu'ils font puis pour prendre contact avec la famille s'il y en a une pour obtenir l'accord pour rentrer dans le centre : à la clé un encadrement éducatif et une scolarisation). Nestor a célébré la messe dans l'oratoire du centre pour les volontaires Fidesco.



Pour l'après midi nous devions aller chez des frères de Communauté à l'autre bout de Porto-Novo. La circulation dans Porto-Novo est assez dense, notamment au niveau du marché : http://www.dailymotion.com/video/xamd59_jour-de-marche-a-portonovo

La ballade dans Porto-Novo a été l'occasion de faire connaissance avec les forces de l'ordre, plus exactement la Police qui avait pour mission de vérifier les permis de conduire en ce torride samedi (36° au moment où nous nous faisons contrôler). Carte grise : nous n'avons que la photocopie car l'original est parti pour modification du nom du propriétaire ; assurance : en règle (ouf !) ; permis : ben où il est celui là ? Zut et rezut, dans la pochette rose, oublié à Cotonou chez Donatien ! Et là surprise : confiscation des clefs du véhicule... Aïe ! Aïe ! Les enfants commencent à avoir chaud (la clim' ne fonctionne pas sans les clefs ! Et il fait 36°...) Nestor est avec nous (heureusement), il appelle au téléphone un frère de communauté qui est tout près... Mariano arrive. La palabre commence entre les policiers, Mariano et Nestor... Bertrand tente de s'approcher, Nestor et Mariano font signe que non ! En effet, la palabre consiste à faire porter le chapeau à Nestor qui fait amende honorable : "je les ai fait se presser ce matin, ils ont oublié leurs papiers par ma faute" Nestor étant prêtre l'affaire trouve une conclusion favorable est 15 minutes : Nestor dira une messe pour le brigadier !

Ce n'est qu'après que nous avons compris ce à quoi nous avons échappé : la confiscation des clefs est synonyme de fourrière ! Et la fourrière au Bénin, ça peut durer longtemps, chacun voulant tirer un peu d'argent sur son passage dans le réseau de déblocage des voitures. Avec les risques de pillage que comporte l'immobilisation du véhicule sur un parc...

La journée s'est favorablement terminée, nous sommes rentrés sur Cotonou avec la voiture, le permis de conduire international va trouver refuge dans la boîte à gants. Plus de peur que de mal pour cette fois-ci... Au moins la Police veille, c'est plutôt bon signe (il y a un grand nombre d'automobilistes qui roule sans jamais avoir passé le permis !) surtout s'ils s'intéressent aux camions !


mardi 22 septembre 2009

Urgence sur le pavé

Qu’entend-on par urgence ? Schéma très aseptisé d’un système de soins occidental où même la TV s’empare du sujet pour en faire une série que tout un chacun peut regarder. Identification valorisante de ce système qui semble parfois pouvoir ressusciter les morts…
15H30 : un homme se présente devant la maison, nous sommes absorbés à notre activité du début d’après midi en ce beau dimanche ensoleillé. Il me montre du sang sur ses pieds : « c’est le sang de mon frère qui a eu un enfant » - « Ton frère s’est blessé ? » - « Il saigne depuis que l’enfant est né » (en me montrant le bas ventre)
En fait il ne sait pas dire « sœur » et emploie le masculin par défaut dans un français approximatif. Le temps de comprendre et nous courrons à l’hôpital. Là sur le pavé gît un corps de jeune femme tout ensanglanté. Ses lèvres sont déjà blanches, un premier regard sur ses pupilles m’en dit long sur la situation… Silence pesant, toute la famille est là… Ils m’expliquent qu’elle vient d’avoir son quatrième enfant ce midi. Elle a accouché sur le chemin d’un dispensaire de brousse. Arrivée dans ce dispensaire elle s’est mise à saigner abondamment, ils l’ont perfusée et référée sur l’hôpital Saint Camille car nous faisons des transfusions…Elle doit avoir 25 ans. Aucun pouls. Auscultation : là encore le silence. Le zem qui l’a amenée est déjà en train de laver sa moto à l’éponge, il a du mal avec le pot d’échappement… Et pour cause, la malheureuse, morte ou mourante, n’a sans doute pas pu éloigner son pied du métal brûlant. L’examen de la brûlure du pied m’apprend que la mort est survenue lors du transport.
Il est des gestes comme la fermeture des yeux qui n’ont pas de frontière : la famille comprend. Je parle un peu, j’explique doucement qu’on ne peut plus rien… Une aide-soignante traduit. Nous restons en silence. La dépouille reste là, à même le sol : c’est choquant pour moi, mais seulement pour moi… Efforts pour rester silencieux (les paroles sont pourtant plus simples, elles combleraient le malaise). Des discussions commencent tout autour… Est-il question de comprendre pourquoi elle est morte dans ces conditions, ils ne semblent pas révoltés…Se posent-ils la question du nourrisson ? Non, la question qui les taraude est bien plus pratique : comment ramener le corps à la maison ? Le zem ne veut pas s’en charger mais le mari ne peut payer le prix du corbillard…


Rapidement je comprends que ma présence est devenue problématique : le frère de la défunte commence à parler de ce qu’on va m’offrir pour me remercier d’avoir accouru auprès d’eux… Je fais dire à l’aide-soignante que l’hôpital ne leur demande pas d’argent, nous avons juste constaté le décès et retiré les perfusions. Elle me dit donc de partir car ils pourraient penser que j’attends pour avoir de l’argent…
Besoin de marcher : un tour dans Dogbo. 30 minutes. Je reviens au moment où le convoi mortuaire se forme. Elle reprendra bien le zem qui a finalement accepté de la convoyer après avoir accroché des feuilles de palmier à huile sur la moto. Symboles de mort, de danger, dans la culture africaine… La morte est assise entre le chauffeur et son frère assis tout à l’arrière. Là son mari pour la première fois pleure en la voyant ainsi installée.
Que vous dire de plus ? Que cette version est racontée de manière édulcorée pour la rendre lisible par tous (quelques omissions) et qu’elle est dénuée d’une grande partie des sentiments ressentis afin d’éviter les maladresses… Que chaque jour à son lot de morts… Que les femmes enceintes et les nourrissons payent un lourd tribut… Que c’est le système qui cloche… Que le transport des malades sur des mobylettes lancées plein gaz sur les pistes poussiéreuses et cahoteuses est évidemment une perte de chance… Mais comment faire autrement… Avec presque rien il faudrait faire presque tout.

Bertrand

dimanche 20 septembre 2009

Mission(s)

Silence radio de quelques jours : le temps de se débattre avec des fuites d'eau (le plombier devait venir depuis deux semaines...) qu'il a fallu réparer nous même, d'assumer le départ en vacances du chirurgien (ça y est, Bertrand est tout seul sur l'hôpital pour quelques jours avec quelques post op à assumer...), de prendre un rythme tous ensemble dans la maison : nous six + Marie-Ange + Anne-Sophie + Alexandre (un ami d'Anne-Sophie de passage au Bénin).

Alors, pourquoi ce titre ? Parce qu'enfin la mission de Marie-Aude s'affine ! En effet, nous faisions les difficiles : il fallait à juste titre préserver du temps pour les enfants. Logique. Mais trouver un mi-temps au Bénin, ce n'est pas évident car tout le monde veut travailler le plus possible (travailler plus pour gagner plus, ça vous dit quelque chose ?)

Après plusieurs propositions voici l'organisation qui semble donc se dessiner : un poste de secrétaire de direction de l'hôpital : pas de courriers médicaux mais plutôt les démarches administratives de gestion de l'hôpital, les feuilles de salaires, les certificats, et en prime la gestion des dossiers médicaux des prêtres du diocèse qui ont une assurance maladie dans un autre pays d'Afrique de l'ouest. Trois matinées par semaine.

Deuxième pan de mission : deux heures d'animation d'un atelier artistique au collège de Dogbo. L'atelier a démarré l'an dernier sous l'impulsion des élèves mais pour le moment il ny avait personne pour l'animer.

Troisième pan de mission : une proposition d'encadrement d'ateliers sur une ville voisine est en suspens le temps de voir si cette organisation se cale bien avec la vie familiale !

Enfin, la mission des enfants a aussi commencé. Ils participent à nous apprendre l'Adja... Louis-Baptiste utilise déjà spontannément quelques mots d'Adja ! Il sait nommer une grande partie des animaux en Adja, ainsi que les salutations d'usage.

Pour en terminer avec les acceptions du mot mission, ici on ne parle pas de paroisse... C'est la mission : "tu vas à la mission ?" La dénomination met bien en relief le dynamisme missionnaire de l'Eglise qui est au Bénin ! Nous ne sommes pas seuls en mission : tout le monde est en mission !

Alors bonne mission à chacun de vous, où que vous soyez !

mercredi 16 septembre 2009

Circulez !

Conduire au Bénin… C’est vraiment tout un roman. Et pourtant plusieurs témoignages nous attestent que ce n’est pas le pays d’Afrique où la conduite est le plus difficile…
Qu’est-ce qui est particulier ? Les routes n’ont pas de lignes de marquage au sol (ou très rarement), les véhicules naviguent donc sur toute la largeur de la route dans les deux sens… Premier point déroutant (il fallait le faire, il est placé).
Les camions ne roulent pas droit… Ils se déplacent à la manière des crabes… En effet, surchargés et déséquilibrés, ils penchent tantôt à gauche tantôt à droite… Ajoutez à cela les trous dans la chaussée qui les font vaciller et qui déforment progressivement les essieux et les moyeux : vous obtenez des véhicules à roues voilées chargés à hauteur de 60 tonnes (si ! si !) pour 25 ou 30 prévues, crachant une fumée noire, perdant de l’huile tout le long du trajet… Le refroidissement moteur est réalisé par un ingénieux système : l’ablation totale ou partielle du capot moteur ! Souvent en panne avec leurs machines (dont l’âge ferait pâlir les grands Whisky), les camionneurs s’entraident et se remorquent : il n’est donc pas rare de voir un premier camion chargé à bloc traîner un camion vide derrière lui (ce dernier oscillant tel la queue d’un lézard). A noter que l’ensemble de ces camions semble équipé de l’ABS : et c’est une information certifiée conforme ! Aucun n’est capable de bloquer ses roues même en situation d’urgence. Conclusion : prudence… Tels des apaches, nous lisons les signaux de fumée afin de détecter quel type de mammouth de fer nous attends au prochain virage. Pour le moment nous n’avons jamais eu peur car nous restons à distance respectable.
Les 404 bâchées : depuis combien de temps n’en avez-vous pas vu ? Peut-être une épave il y a 10 ans dans une remise, ou peut-être une pièce de collection dans un musée, ou alors vous vous souvenez d’une époque où chaque artisan avait ce véhicule pour travailler. La 404 bâchée : c’est tout à la fois le Scénic (pour les familles), le Kangoo (pour les travailleurs), le Vito (pour les transporteurs)… Mais plus étonnant, la 404 bâchée peut aussi servir de car scolaire, de camion de déménagement, de container frigorifique (il suffit d’arroser la bâche avant le départ), de camion-benne (quatre homme lèvent l’avant pour décharger le sable), et il faudrait faire une thèse de sociologie pour être exhaustif sur ce sujet frappant dès qu’on prend le volant !
Enfin, dernier épisode en date qui nous a permis de découvrir un nouvel aspect des routes béninoises : la conduite de nuit. Interdite par Fidesco, cette discipline qui pourrait peut-être figurer au JO est loin d’être un sport reposant ! Bien sûr nous n’avons pas choisi de conduire de nuit. Mais nous y avons été contraint lors d’un retour de Cotonou. Un embouteillage de plus d’une heure à la sortie de la ville nous a forcé à faire les 40 derniers Km de notre trajet dans l’obscurité. Enfin quand on dit l’obscurité, c’est un grand mot ! Car tout le monde roule en phare : les codes n’existent sans doute pas sur les voitures vendues ici. A moins que ce ne soit le surpoids à l’arrière des véhicules qui fasse lever le nez au point que les codes semblent être des phares ? Certains, sans doute par soucis d’économie, roulent en veilleuses, au moins on n’est pas ébloui… Et puis il y a des véhicules camouflés… Explication : nous avons l’impression qu’une partie non négligeable de la population tente de faire passer sa voiture pour une moto ! Curieux… Pour cela il suffit de n’allumer qu’un seul phare (il fallait y penser…) ou une seule veilleuse (dans ce cas on croirait même qu’il s’agit d’une mob’)

Vous l’aurez compris, la sécurité routière au Bénin n’est pas une vaine entreprise, d’ailleurs des panneaux attestent chaque jour des progrès que nous accomplissons !


Marie-Ange

L’équipe Fidesco dans le département du Couffo s’étoffe ! Marie-Ange vient de nous rejoindre. Nous sommes allés la chercher à Cotonou où elle a débarqué le 15 septembre avec seulement trois quarts d’heure de retard ; rappelez-vous que nous avions eu 24 heures de retard !
Marie-Ange est ergothérapeute, elle va travailler dans un centre d’accueil des lépreux à Madjré, une commune qui se situe à 12 Km de Dogbo environ, accessible uniquement par la piste (nous vous rappelons que la route bitumée s’arrête à la sortie de Dogbo dans cette direction). Avec Anne-Sophie (que nous vous avons succinctement présentée) elles vont former un binôme de vie. Ne travaillant pas ensemble, elles vont se retrouver pour les autres temps (repas, soirées, etc) tout en gardant leur indépendance.
Notre famille et ce binôme forment une « équipe » de volontaires. Nous sommes proches géographiquement (tout le monde habite sur l’hôpital : pour le moment dans la même maison mais bientôt les filles vont avoir leur maison individuelle, d’ailleurs fort coquette) et par ce que nous vivons.
Marie-Ange va rester un an à Dogbo, après quoi elle devra rentrer en France pour compléter une formation au langage des sourds qu’elle a mis entre parenthèses pour venir au Bénin mais qu’il est dangereux d’abandonner trop longtemps (perte rapide des acquis).
Voici une première photo de Marie-Ange et bientôt dans un prochain post vous aurez sans doute une photo de toute l’équipe ! A très bientôt.

dimanche 13 septembre 2009

Historique !

En effet nous sommes maintenant un peu plus renseignés sur les secousses sismiques qui ont eu lieu au Bénin. La dernière secousse avait eu lieu en 1939 ! Il a fallu attendre 2009 pour qu'une deuxième secousse soit enregistrée dans l'histoire "écrite" du pays. Et nous y étions...

A Dogbo il n'y a aucun dégâts mais sur Cotonou où nous sommes pour le WE, nous avons vu des murs fissurés. Sur Internet il y a quelques photos de dégâts plus graves (notamment des fissures dans le sol pouvant atteindre 50 cm de large.

Les Béninois n'ayant aucune expérience en la matière, nous ne connaissons ni l'épicentre ni la magnitude sur l'échelle de Richter. Néanmoins il existe une échelle qu'il est possible d'utiliser quand on a été témoins du tremblement de terre, l'échelle MSK. Après calcul, nous avons eu à Dogbo une magnitude VI alors que Cotonou a eu une magnitude VII. Il existe peut-être un biais lié au type de constructions rencontrées dans chaque lieu : celles de Dogbo ayant peu de prises aux secousses car toutes très basses...

Voilà pour nos activités sismologiques qui prennent fin puisqu'aucune nouvelle secousse n'est à déplorer. D'ailleurs le monde entier s'en fiche éperdument, ce qui est bien souligné par la population et les médias locaux ! Seuls les quotidiens Béninois en ont fait leurs gros titres : le Bénin a aussi son 11 septembre !

Imaginons que le même séisme ait eu lieu en Europe : tout d'abord les infrastructures auraient souffert car plus hautes et plus nombreuses (sur le nombre il y en a toujours qui se fissurent), les médias auraient couvert l'affaire avec des images à l'appui (Jean-Pierre Pernaud aurait bien trouvé une grand mère évacuée de son lit par un pompier volontaire alors que l'escalier de sa maison s'est effondré...), la graduation de la secousse au minimum au dixième près aurait été réalisée, une ligne téléphonique dédiée aurait été communiquée à la population, enfin tout le tralala habituel dès qu'il se passe quelque chose... Ici rien ! Le mur est fissuré : "c'est pas grave", la route à travaillé : "c'est pas grave"... Si tu parles un peu rapidement sous le coup de l'excitation liée à l'évènement : "doucement"...

En fait, quand on n'a rien ou presque rien, quand on dort dans une petite maison faite d'argile et qui est déjà fissurée, qu'est-ce que vous voulez que ça change ? Séisme ou pas séisme, on dormira pareil la nuit prochaine... Et on espère seulement se réveiller le lendemain, d'où cette salutation Adja : Mawo a fon mi (que Dieu te réveille).

vendredi 11 septembre 2009

Réveil nocturne

D'habitude nous sommes réveillés par Clotilde qui a perdu sa tétine ou par Berthille qui se promène en courant dans ses activités somnambules, parfois par Louis-Baptiste qui a fait un mauvais rêve, rarement par Aliénor qui dort généralement du sommeil du juste.

A 4H08 cett nuit c'est par le bruit des vitres de lamaison et par le tremblement que nous nous sommes réveillés tous les deux... Ce n'était pas très long, un camion qui passe à côté de la maison ? Un tremblement de terre ? C'est évidemment cette deuxième hypothèse que nous retenons avant de nous rendormir puisque plus rie nne bouge.

Ce matin nous en parlons autour de nous ; personne n'a rien senti... Tu rêves yovo... Zut alors, un camion peut donc faire tout ce raffut ? Pour en avoir le coeur net nous appelons un expat' de Cotonou : Donatien est affirmatif, la terre a tremblé cette nuit et tout le monde en parle sur le port.

Nous ne savons toujours pas où était l'épicentre. Si quelqu'un veut bien nous renseigner ? Sommes-nous sur une faille connue ? Nous n'arrivons pas à télécharger les cartes sismo qui sont trop lourdes pour notre connexion. Merci d'avance.