dimanche 25 octobre 2009

Lac Tobadji

Le WE avait commencé sous la pluie et donc dans une certaine anxiété puisque nous recevions tout un groupe de Cotonois : des expat' français qui nous accueillent régulièrement à dîner voire à dormir quand nous allons sur Cotonou. Donatien et Ronan dont les épouses respectives sont actuellement en France, Laëtitia et Cédric avec quatre de leurs six enfants.

Samedi midi alors que tout le monde arrivait pour déjeuner, le soleil est arrivé également. Après de bonnes agapes nous avons dû changer de programme, nous devions initialement tenter de trouver les chutes d'Adjarala sur le fleuve Mono mais la piste de 20 Km qui y mène est dangereuse par temps de pluie. La carte IGN nous fournit un nouveau plan : le lac Tobadji... Il faut emprunter la piste de Deve puis tourner à gauche en direction de Lokossa… Simple comme bonjour sauf qu’en vrai les pistes se ressemblent toutes et il n’y a pas de panneau de direction, il n’est donc pas rare de se trouver face à une patte d’oie. Le passant est toujours là pour nous indiquer la bonne route.





Le ciel encore chargé de nuages d’un bleu électrique se découpe sur l’horizon de verdure dont la couleur est ravivée par la pluie tout juste tombée. La piste d’un rouge ocre se détache devant nous avec ses sinuosités, bordée de teks, de baobabs, d’acacias et d’irokos. Le paysage est splendide.

Nous garons les véhicules au bord de la piste et nous enfonçons sur le chemin d’un village. La fille du chef nous voyant arriver court chercher son père, nous nous inclinons légèrement devant lui comme le veut la coutume… Quelques salutations d’usage et il nous indique le chemin du lac… Ou plutôt il nous dépêche quelques soixante dix enfants pour nous accompagner ! Le chemin est très boueux… A vrai dire c’est même pire que ça ! En fait le chemin est sous l’eau, on marche à tâtons suivant de près les enfants du village qui connaissent chaque recoin, chaque piège possible.
Le lac se livre enfin avec ses pirogues, les méandres des canaux qui le desservent. Les pêcheurs passent sur leurs embarcations entre les hautes herbes, ils semblent flotter non sur l’eau mais sur la savane… Les enfants sont là, jouant dans l’eau, dansant sur la coque retournée d’un vieux dériveur, jouant même aux cartes dans un recoin un peu plus sec, la nuit va commencer à tomber, nous ne restons que quelques dizaines de minutes dans cet espace hors du temps qui semble vivre au même rythme depuis des lustres sans que rien ni personne ne puisse le déstabiliser. Notre présence est la bienvenue, les visages montrent une certaine fierté : pouvoir montrer au blanc, au yovo, ce qui est beau chez moi.









Au retour le chef de village est invité à venir faire soigner ses enfants (ceux du village quoi) à St Camille : ils sont particulièrement exposés à l’ulcère de Buruli par les baignades dans ce lac d’eau douce entouré d’herbes folles…
Nous reprenons la route les yeux remplis de ces images, de cette ambiance… L’accès au lac était difficile mais le spectacle en valait la peine. C’est l’Afrique elle-même qui nous paraît par certains points inaccessible, cette expérience nous montre qu’il faut persévérer parce que le jeu en vaut la chandelle.

Le post pourrait s’arrêter ici mais le retour nous a réservé également quelques surprises agréables : un troupeau de vaches nous a barré la route. C’est le premier que nous voyons dans le secteur ! De très belles bêtes avec des cornes dignes des plus grandes arènes du sud de la France et d’Espagne… Pas sauvages du tout, manœuvrées par des enfants très sûrs d’eux et pas maladroits.

Et juste avant d’arriver à Lokossa, le dernier barrage de la route : l’eau… C’est là qu’on comprend vraiment l’utilité du 4*4 !



Une bonne journée comme celle-ci nous permet de nous ressourcer, de trouver l’énergie pour continuer à aimer ce pays malgré ses défauts, ses faiblesses, malgré ce qui nous fait souffrir dans notre quotidien. On peut aimer l’Afrique en y passant quelques jours, c’est évident, mais on peut aussi l’aimer en y vivant plus longtemps, c’est moins évident mais c’est certain.

1 commentaire:

  1. gros bisous de mame et pape nous sommes au grand arret.
    Gros bisous de la part des coussins Alex Nico Jb cécile.
    Bravo pour les commentaires. Passionnants!!!

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