vendredi 2 octobre 2009

Jour de marché

Aujourd’hui Dogbo s’anime autour du marché ! Tous les 5 jours (comptés à la béninoise) soit tous les 4 jours (à la française) le marché envahit les moindres recoins de Dogbo : la ville grouille depuis 14H00 jusqu’au milieu de la nuit !
Le bord du bitume, une place à droite, une halle à gauche, le marché est finalement plus grand à chaque fois qu’on le redécouvre. Les produits ont leur quartier : le coin des ferronniers (outils de toutes formes, pièges en tous genres, morceaux de boites de conserves pour les scarifications vaudous) ; le coin des menuisiers (petits tabourets, lits, fauteuils, cercueils…) ; les vendeuses de manioc (à même le sol) ; les paniers de tomates, le coin ravissant des pagnes riches en couleur et en variétés ; les restaurants (enfin les maquis : partage d’un bout de banc autour d’une grande marmite de haricots fumants), le coin des fripes (merci la Croix Rouge) ; les feuilles légumes (qui ressemblent à de grands épinards). Certains produits n’ont pas de coin spécifique, on les trouve partout : les oignons classés en trois tailles, les piments rouges et verts, les vendeuses de sous vêtements sous plastiques (donc neufs !), celles de bassines et pots en plastique ou en inox (on trouve vraiment toutes les tailles !)


Après avoir découvert le produit qu’on est venu chercher, reste à marchander le prix. Cas pratique.
But : acheter des plans de tomate pour le potager. Correction : choisir des tomates de bonne qualité pour les égrainer. Promenade dans le coin des revendeuses de tomates. Première difficulté : se frayer un chemin dans la cohue ! Sans bousculer les paniers de présentation ou de petits tas de tomates minutieusement installés tiennent en équilibre instable, ni les paniers ultra remplis tenus sur la tête de vendeuses ambulantes. Sans se faire bousculer par de grandes brouettes à deux roues souvent poussées ou tirées par des enfants criant pour annoncer leur passage en trombe. Attention en se décalant pour laisser passer ce véhicule dont la largeur correspond pile à la largeur de l’allée entre deux étals, de poser ses pieds sans écraser tomates, gingembres, maïs ou même des doigts !
Après avoir « tâté de l’œil » beaucoup de tomates, de l’unique espèce existant ici (ah ! Petite pensée pour les bonnes variétés de tomates de Belvault), le choix se fait sur un panier de tomates bien rouges. Là on imagine que l’on touche au but… Mais non ! Commence le tri et la palabre autour du prix !



Du grand panier de présentation, les tomates passent dans deux petites bassines dont la taille sert de référence pour le prix (puisqu’aucun pesage ne se fait sur le marché). Alors le prix ? Il se fait encore attendre, on se regarde on se sourit, la vendeuse réfléchit et annonce 1200 Fcfa. Joseph (on vous reparlera de lui) qui m’accompagne ce jour là rit, discute un long moment en Adja et propose 700… Grand rire de la vendeuse qui reprend la discussion et annonce finalement 1100… Et… On refait un tri dans une seule bassine cette fois : les tomates les plus rouges sont choisies… Le prix ? 1500 ! Ce qui provoque un éclat de rire chez Joseph et la vendeuse (moi je ris jaune car un moteur crache sa fumée sous mon nez !) : leur jeu a bien duré 15 ou 20 minutes et j’ai finalement déboursé 800 Fcfa.
Dernière étape : le petit sac plastique noir. Toute chose achetée mérite et impose son sac. Hélas, ils finissent le plus souvent par terre.

Les tomates étaient au menu ce soir : nous nous sommes régalés. Les pépins sont lavés, prêts pour deux jours de soleil et seront semés plus tard. Première récolte espérée dans deux mois et demi ! Le climat (et le travail de Joseph) nous permettent d’espérer un potager très précoce. La végétation est en effet luxuriante en cette fin de période des petites pluies. Il faut une semaine au maïs pour gagner 50 cm ! La grandeur de la création se révèle particulièrement dans cet environnement ou tout semble pousser facilement et rapidement. Pourtant bien peu de béninois profitent pleinement de ce potentiel : des questions d’éducation et de moyens sont sans doute en cause mais il est trop tôt pour en dire plus car nous ne comprenons encore pas toutes les raisons qui créent la misère et les problèmes de nutrition qui nous entourent.
Loué sois-tu Seigneur pour ta Création.
Marie-Aude

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